4.5.11

Agnès SÉBYLEAU, 6 mai 2011

(Autoportrait pour le Hublot)

« Parce qu’elles sont d’origine intime et d’aspect organique, j’appelle mes créations des "Organes". Ce sont des organes psychiques qui ne se réfèrent pas à l’anatomique mais au fantasmagorique.
Ils s'élaborent en sourdine quelque part entre l'intentionnel et l'inconscient, au terme d'une genèse spontanée, sans l'aide d'aucun croquis.

Imprégnés par mon ressenti au moment de leur lente élaboration et par le martèlement mental des chiffres et comptes des mailles, les "Organes" deviennent aussi l’enregistrement d’un état autobiographique et la matérialisation d’un mantra. Ils sont chargés.

Nids de guêpes et pièges à ombre, ils se compliquent en ramifications qui sont autant de digressions dans mon discours qui me contraignent à m’éloigner du cœur avant d’y revenir tourner pour le nourrir.
Un système qui accoucherait de lui-même.

J’observe l’évolution de mes formes, et y note les vestiges d’une anatomie animale : évocation d’échine, colonne et côtes, embranchements de réseaux veineux, semblants de membres, de bouche, etc.
Je laisse venir vers ma surface, et je dis ce que je vois.

Entre rigidité et souplesse, la ficelle m’impose des choses qui alimentent mon travail. Des choses contrariantes, des choses inspirantes. La ficelle a la souplesse et la rigidité idéales pour faire naître un volume dans l’irrésolu, me permettant de jouer sur un fil entre l’équilibre des volumes et leur écrasement. J’en accueille les variations de calibre, les grimaces dues au souvenir de l’enroulement de ses fils.

Le tissu obtenu a quelque chose de minéral.
Or c’est une peau tendue entre inerte et alerte.

La technique du crochet ne m'intéresse pas en tant que telle et mon point est basique. »

Retour sur l'accrochage dans Hublots du soir
et d'autres "Organes" d'Agnès Sébyleau dans son book.