La peinture de Charlotte Salvanès donne à
voir avec netteté ce brouillage de la vue envahie du désir de voir. L’ordinaire
se transmue et se fait peinture. Elle dit aimer suspendre dans le temps de
la peinture. Là où Bonnard fait peinture dans une forme de mouvement brownien,
les toiles de Charlotte, sous un calme apparent, concentrent une extrême
énergie en un point de compacité vibrante où l’ordinaire se dissout dans un
presque irréel. Toujours une tension vers la vie s’arrache d’ un élément qui
enserre, une eau métallisée, une eau blanche comme un gel, un filet.
L’ordinaire intime et sa transposition
intérieure se tissent, chez Charlotte Salvanès, dans une œuvre picturale
condensée par l’émotion.
Josiane Assuied, novembre 2018 (extrait)