30.5.16

Pierre RABARDEL, 3 juin 2016





À quoi songent les galets
Qui viennent métissés d'or
Se poser au ventre de leur mère
D'elle se souviennent-ils ?
Et de n'avoir fait qu'un ?

À quoi rêvent les dames de pierre
Aux yeux clos ou peut-être ouverts
Se souviennent-elles de nous ?

Pierre Rabardel






le site de Pierre Rabardel ici

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24.5.16

Cristina HOFFMANN, 27 mai 2016

Pas de Loup

Par une collecte incessante, on dévore
les images au point de ne plus rien voir du tout.
Pas à pas, tas par tas, on amasse, on remue,
dans un rituel enivrant, on attend le courage de s’oublier
et par la perte, s’opère l’apparition.

Dans le silence des regards, l’absence n’a jamais été aussi risible
et de près, le gouffre semble moins effrayant.
Alors on s'agrippe aux monstres, soudain devenus nos meilleurs amis.
Nous traversons, perplexes, les restes d’un paysage convenu,
et comme une hallucination les dessins, méconnaissables, se révèlent.
Qui sont ils? D’où ils viennent?
Interdit le mystère de leur origine, il reste
la jubilation et le vertige de les laisser nous traverser.





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17.5.16

Martine de BAECQUE, 20 mai 2016

Ce vendredi au hublot, c'est la Fête de l'estampe. 
A deux pas, dans la Promenée, se cache mon atelier de lithographie; c'est là que je crée et que j'imprime mes dessins.
A la manière d'un cadavre exquis, les idées se succèdent, les lignes se superposent, les surfaces jouent de transparences. 
Les réalisations récentes sont des compositions dynamiques créées en écho à un climat perturbé. Mouvement ou bousculade? Oiseau ou faucheur? Pierre ou dentelle?... 
La veine est abstraite, mais parfois lyrique et chromatique. 









le site et le blog de Martine

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9.5.16

Lætitia de GAULLE, 13 mai 2016

Ça coupe, découpe, déchire, pose, dépose, repose,
S'envole sous les soupirs, re repose...
Qui a ouvert la fenêtre?
Le vent...décompose.
Alors on coupe, recoupe, découpe, repose.
Peint, teint, gratte.
Les doigts, couteaux, pinceaux, ciseaux, scalpels, s'agitent, cogitent. Les autres s'abritent.
Alors la nuit, on colle, on vole, on rêve, s'envole et entre dans un univers tout neuf, tout rêve.
Quand les anges ont des larmes, des rires ils peuvent couper, coller...et s'envoler.






l'Instagram de Lætitia ici

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2.5.16

Lorraine PELLEGRINI, 6 mai 2016



Je m'intéresse au caractère émotif des formes abstraites, des schémas, des signes en les confrontant à des représentations figuratives. Des faits relevant du quotidien et l'expérience que j'en ai sont à l'origine des développements esthétiques  que je propose. Je choisis les médiums qui sont le plus en correspondance avec l'expérience vécue et aptes à rejouer les tremblements, les désordres et les échecs du "réel" vers (ou contre) les vivants.
Lorraine Pellegrini








Un article de Arnaud Dubois à propos des Grandes Bêtes de Lorraine Pellegrini.
C’est peut-être peine qu’il faut entendre dans la penne qu’on regarde. Les Bêtes ont l’air de souffrir, d’une souffrance dont nous serions la cause. Le rire féroce des Bêtes est ce qu’il y a de plus cruel et de plus touchant. C’est parce qu’on les aime, qu’on aime les Bêtes à les croquer, à les manger, à les faire saigner du sang qui sèchent sous leurs griffes ou qui bat sous leur pelage tendu par la charge d’une course à tête perdue.

La première fois que j’ai vu une Bête, elle n’était pas seule. Comment traduire la rencontre que provoque une image qui tient devant soi ? Une force, une puissance. Toujours, dans un seul plan, bien des choses et leurs contraires qui paraissent ensemble d’un seul coup. On n’en finit pas de les découvrir avec la sensation de pouvoir en faire le tour. C’est une sensation d’ouverture qui se réalise dans le fait de voir et de regarder. Bien des fois les faits de voir et de regarder se contentent ou se frustrent de ce qu’ils visent, de ce qu’ils manquent ou de ce sur quoi ils butent. Avec Les Bêtes, l’exploration infinie nous étonne dans la tenue qu’un seul plan fait voir, et que Les Bêtes n’en finissent pas d’ouvrir et devant quoi l’on sent pouvoir tourner jusqu’à leur reluquer le derrière.

La deuxième fois que j’ai rencontré Une Bête elle ne se tenait pas debout devant moi. Ni tendue ou pendue comme on l’y avait contrainte pour me la montrer. Elle avait été déroulée sur le sol et se tenait à mes pieds. Si bien qu’on pouvait la voir de haut et en faire le tour. Comme on fait le tour d’une cavité creusée dans le sol pour contenir un corps. A voir Une Bête on découvre et ce trou et ce corps. On ne sait pas ce qui du trou ou du corps fait tenir La Bête debout ou pendue ou allongée. C’est un entrelacement du vide et du plein qui donne son volume et sa silhouette à un corps, mais aussi aux membres de ce corps, membres qui font le corps autant qu’ils le découpent. En quoi consiste la caresse du pelage et des tiges qui font pattes ou bras quand vous regardez Les Bêtes ?

Les Bêtes sont aussi bien des trouées de dimension anatomique sur des chantiers de fouilles archéologiques. On y reconnaît l’image de squelette incomplet des premiers hommes. Leurs bras, avec un radius, un cubitus ou un humérus en moins, n’en sont pas moins animés. Ils balancent une main ou se parent le visage. Malgré l’absence d’un tibia, d’un fémur ou d’une fibula, les jambes sont prêtes à porter ces premiers hommes, et ils vont debout vers nous, sortis de leur trou. A travers Les Bêtes, nous regardons quelque chose d’un vestige lointain, porté par un regard qui a l’âge de l’instinct.

Voir Les Bêtes, c’est les reconnaître. On connaît ces corps, ces visages, dessinés dans le parcours d’une larme, sous le voile d’une main qui tourne pour se cacher le sexe. On reconnaît l’extrême maigreur de leurs guiboles, des doigts qui s’effacent. On reconnaît le museau de ce chat qui disparaît dans la nuit d’un pelage. Les Bêtes sont nues, drapées de leur nudité, drapées dans leur nudité dirait-on. Atteintes par une méchanceté qui est la nôtre. Peut-être avons-nous manqué de tact à les découvrir de l’invisibilité dont elles jouissaient quand nous fermions encore les yeux. Mais voilà que c’est fait, et nous les regardons, nous les voyons. Difficile de ne pas éprouver, alors, à les fréquenter, qu’il se pourrait bien qu’elles fussent plus méchantes et plus superbes que nous ne le serons jamais avec elles. Et si c’était elles qui nous débusquaient et nous tournaient autour ? Les Bêtes ne sont pas là pour répondre à ce genre de question, évidemment pour faire de la question une forme. Et avec les Bêtes la question n’a rien du tour formel de la rencontre habillée. Il y a de l’impudeur à montrer et à regarder Les Bêtes. Les voir c’est éprouver leur dangerosité, leur méchanceté, c’est penser qu’on les blesse, quand elles se tiennent sans peur et sans crainte, là, devant. Dans quel but ? Il faudrait les recueillir ces pauvres bêtes ? Ne pas leur tourner le dos en tout cas. Car à la première occasion, elle foncera, décochera un coup de patte. 
Arnaud Dubois


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