Emily Beer est une
artiste vivant à Paris, dont les œuvres ont été exposées au Japon, en Corée, au
Québec, ainsi qu’à la galerie d’art insubordonné au féminin, la galerie des
Nanas.
Son mode opératoire
est la broderie. Son champ thématique, les organes. Son théâtre d’opération,
les correspondances entre organes et humeurs, anatomie et émotions, transit
organique et flux de pensées. L’artiste brode des organes humains pour rendre
l’existence quotidienne, ses joies et troubles.
La transposition si
singulière du corps de matière irriguée de sang à l’aplat de tissu piqueté de
fils de couleurs autorise une distance où la gaîté qui brocarde est bras-dessus
bras-dessous avec la gravité qui cafarde. C’est aussi que l’artiste travaille à
se laisser guider par ses mains, par l’activité répétitive de la broderie et du
crochet, permettant à l’intuition esthétique de prendre la main sur la
réflexion.
La légèreté des
titres de ses œuvres – par exemple « les petites insinuations »,
« le grand Ah », « les bonbons », « A
table ! » ou « la boite de Pandore » - mise en regard avec
les représentations brodées- le cœur, les intestins, leurs excrétions, le
cerveau – donne la tonalité de l’esprit de l‘artiste dont les œuvres sont des narrations
drôles et viscérales. « Acide » aussi dit-elle. Cet esprit se
présente encore dans la distance entre le raffinement stylistique de
l’exécution de ses motifs et la
composition des œuvres, parfois avec des mots brodés, qui conservent la vérité
spontanée du dessin d’enfant. Ce jeu qui déjoue les catégories se poursuit encore
lorsque l’artiste s’habille de certaines de ses pièces, tablier, robe ou
T-Shirt, tandis que ce sont des créations destinées à l’exposition.
Ses supports sont
souvent récupérés, ce sont de vieux linges, mouchoirs, dentelles, napperons,
déjà brodés, qu’elle reprend, détourne, ressuscite à une nouvelle destinée, non
plus usuelle mais esthétique. Du plastique et du carton aussi. D’abord,
« chaque bout d’étoffe ou de fil est précieux » puis au fil de son
travail, « chaque matériau trouve sa place, comme chaque moment de la vie,
tout s’imbrique et finit par prendre forme. » La broderie, devoir féminin
d’alors et passe-temps d’antan, est pour Emily Beer sa liberté, son obligation
d’artiste, son « obsession » aussi écrit-elle.
Tôt attirée par les
métiers du spectacle, elle devient costumière. Son expression d’artiste se
poursuit alors très naturellement dans l’œuvre de broderie. Emily Beer
construit par son œuvre déjà profuse une manière propre, très singulière, de
conter la petite histoire universelle de chacun.
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