24.11.19

Malala BEARI le 29 novembre 2019


- Malala, après tes voyages, dans l'espace, avec la scénographie, et dans le temps, avec le roman graphique et le cinéma d'animation, tu reviens à quelque chose de fixe et de plat: le tableau. À un endroit que je pourrais qualifier de méta pictural...

- Oui enfin... sans employer de gros mots, disons que je m'intéresse à tout ce qui constitue l'acte de peindre, avant de peindre même : tendre une toile sur le châssis, fabriquer la peinture. Je bricole les éléments de base, le support, le bois, la toile... je prends des tissus qui n'étaient pas du tout destinés à être utilisés pour ça, du jersey de soie, de la laine, parfois transparents, élastiques, fragiles, troués, filés, détricotés. Je fabrique du médium à peindre avec de la cire d'abeilles... le travail de petits animaux, comme le ver à soie ou les abeilles, est donc mis à contribution.

- ...des abeilles ?

- Oui. Dans ma dernière série, les petits animaux sont à l'honneur, même si on ne les voit pas. Ce qui est représenté, ce sont des moments festifs, avec des humains, qui se promènent dans des paysages par temps clair, se retrouvent entre amis pour un vin d'honneur sous les frondaisons. Le support des peintures a été filé, saccagé, laissant apparaître des trouées plus ou moins inquiétantes. Des vides qui atteignent les humains, les ciels, les feuilles, des mailles qui filent comme des petites comètes. Les traces de vide peuvent être les trajectoires d'abeilles et d'insectes, peut-être en train de disparaître, c’est peut-être leur absence que l’on voit ! Une raréfaction qui menace notre existence et nos déjeuners sur l'herbe.

- Et tes prochains projets ?

- J'ai commencé une série sur les vers de terre.



                   Le site de Malala Béari ici

                     Son double Hublot du soir


16.11.19

Stéphane FROMM le 22 novembre 2019


Elle est là devant moi, discrète, à peine esquissée, presque suspendue et flottante sur un fond sombre dilué délicatement de ton noir légèrement bleuté. Elle est là tel un petit éclat de lumière blanchâtre, raffinée et tremblée plus que dessinée. Un effleurement, presque une évanescence. C’est une cigarette, m’affirma-t-il. Elle eût pu être souche, boîte, lunette, foule. Elle ne deviendra jamais cendre et ne s’éteindra pas car elle demeure avant toute autre chose peinture, et magnifiquement peinture. C’est son essence même. Elle ne deviendra pas puisqu’elle est déjà. « Ce qui fait la noblesse d’une chose, c’est son éternité », dit Leonard De Vinci. C’est aussi lorsqu’elle est grande et incarnée, ce qui fait la noblesse de la peinture. Lui, c’est Stéphane Fromm, artiste discret, réservé, d’une honnêteté de cœur et d’esprit rares, et peintre très talentueux et inspiré. C’est d’ailleurs cette très grande élégance pourtant fragile, perçue simplement, qui, lorsque vous découvrez sa peinture, vous enlace et vous émeut profondément.
Une évidence humaine et picturale. Aucun artifice, aucun bruit, nulle dissonance, aucune fureur ou pesanteur ne vient accabler votre regard. Nous sommes à l’abri de toute intrusion malvenue, il n’y a plus qu’à voir, se laisser porter et envelopper par une perception des êtres et des choses, ténue et sensible. Un accompagnement guidé par la main d’un artiste convaincu de la nécessité de peindre. Et lorsque le rouge arrive parfois, aucune violence, c’est pour mieux cerner la chose à voir avec  pertinence et subtile délicatesse.
(…)

Denis Martin
Extrait du catalogue de l’exposition à la Galerie Convergences

Souche, huiles et encres sur toile 2019
Ultima sigaretta, encres et huiles sur papier 2019
Die ungebornen Enkel, encres et huiles sur papier 2019

         Le site de Stéphane Fromm ici, son Instagram ici,                         le site de la galerie convergences


                         Son Hublot du soir

10.11.19

Michelle HÉON le 15 novembre 2019


Mes installations exposent son spectateur au beau milieu de fictions aussi poétiques que dramatiques. Les sculptures, images fixes ou projetées, prennent appui sur les spécificités du lieu et s’inscrivent dans la topologie de l’espace pour créer des événements et des parcours contemplatifs.
  « L’univers géo-poétique de Michelle Héon se construit à partir d’explorations d’espaces physiques plus imaginaires qu’inachevés. L’artiste  conçoit son espace comme un vaste territoire maritime, vu d’en haut, une espèce de cartographie flottante constituée d’archipels d’îles, désertes bien sûr, et d’embarcations chancelantes. La vidéo d’un petit bateau sur l’eau, projeté comme à travers un hublot, donne l’occasion de méditer à ces lieux vagues où se mêlent la fragilité de l’incertain à la frivole illusion d’une permanence et renvoient à la conscience d’un drame sous couvert de formes légères. »

Sabine Barbé, historienne de l’art.

A propos de l’installation, Quarante et un degrés, vingt-trois minutes, dix-neuf secondes Nord. Deux degrés, neuf minutes, trente-deux secondes Est, réalisée à la galerie d’art de l’Alliance française, Sabadell, Catalogne.

                  Le site de Michelle Héon ici
                         Son Hublot du soir




1.11.19

Alexandra CHAUCHEREAU le 08 novembre 2019


      Alexandra Chauchereau travaille sur l’identité, la mémoire et les faux-semblants. 
Dans la lignée de cette recherche, survient la rencontre de l’artiste avec le 
carnet de guerre de son grand-père paternel.

      « On a tous quelque part une petite valise qui nous attend.
Moi, elle était sagement rangée dans la cave de mes parents. Je l’ai découverte à l’occasion d’un déménagement. Elle était là depuis des années, avec son étiquette écrite de la main de ma grand-mère : papiers divers concernant divers évènements à vérifier.
C’était une invitation, je l’ai ouverte. 
Et là, parmi des trésors de mémoire, le carnet de guerre de mon grand-père paternel.
J’ai immédiatement su que j’allais travailler sur ce témoignage. 
Après le déchiffrage et la retranscription du carnet, le besoin d’aller sur les deux champs de bataille décrits par mon grand-père : le front de Woëvre et la butte de Vauquois.
J’ai pris des photos de ces lieux afin de les peindre tels qu’ils sont aujourd’hui et y intégrer, en décalage, les écrits du carnet portant spécifiquement sur ces lieux.
Les textes sont reproduits avec ma propre écriture ou celle de mon grand-père projetée sur le support. Avec ses mots, ma main trace ce que sa propre main a tracé il y a cent ans. L’œuvre achevée, le texte peut avoir été partiellement ou totalement recouvert. C’est l’acte d’avoir mêlé nos deux écritures qui importe.
Un travail de mémoire et une rencontre aussi. »

 



          Le site de Alexandra Chauchereau ici, son FB