29.3.16

POLISSON d'ARVY, 1er avril 2016

     Des protégés de la marquise de Pompadour, la postérité n’a retenu que les noms de Boucher, La Tour et Van Loo. De Polisson d’Arvy (1710-1774), dont l’œuvre pourtant lui avait valu la considération de Diderot : « Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j’aie besoin de me faire des yeux ; pour voir ceux de Polisson, je n’ai qu’à garder ceux que la nature m’a donnés et à m’en bien servir (…). O Polisson ! ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile. » (Salon de 1763, in Œuvres esthétiques, Garnier frères, 1966), il est regrettable que l’histoire de la peinture, pour d’obscures raisons, n’ait rien à dire, et que les musées (hormis celui de Vannes où l’on peut s’abîmer dans la contemplation de son « Apollon s’emparant d’Ocyrrhoé ») n’aient rien à faire, à moins que l’effroi suintant du labyrinthe des réserves ne refoule tout désir d’archéologie domestique chez nos conservateurs.
      Ainsi, ce n’est que dans les collections particulières auxquelles son entregent lui aura permis d’accéder ou dans les salles des ventes lorsqu’il aura repéré un lot prometteur dans La Gazette de l’Hôtel Drouot que l’amateur peut aujourd’hui tomber sur un tableau de Polisson d’Arvy.
     Il s’agit toujours d’une scène mythologique puisque le peintre fonda son œuvre sur un renouvellement du genre dont sa vision de « Leda et le cygne » donne un exemple délicat : abandonnée sur une barque nocturne au premier plan, la fille du roi d’Étolie dans les atours d’une aristocrate de la cour de Louis XV assiste à l’apparition, au second plan, d’un cygne glissant sur une onde laiteuse qu’ aucun physostome ne trouble, non plus que de Madame de Pompadour, une allusion à son nom de jeune fille ne saurait entacher l’estime que Polisson d’Arvy portait à sa protectrice.

                     Robert Laperche, La peinture française au XVIIIème siècle : transformations et mutations, Skira, 1972




le hublot de Polisson d'Arvy





21.3.16

Damien GUGGENHEIM, 25 mars 2016

Avez-vous déjà rêvé d’un canard ?
J’en ai rêvé la nuit dernière. Non, pas l’oiseau et sa réalité biologique, le canard. Apparaît, disparaît au rythme d’un son mécanique. Comme enfermé dans une cage d’ombre et de lumière. Pourtant il semblait m’échapper dans un mouvement tristement comique et circulaire. Voyez-vous ? Laissez-moi vous expliquer autrement. Comme lorsqu’on désir un être. Que celui-ci, par son altérité, semble nous fuir, nous rejeter, laissant derrière lui son ombre. L’ombre devient matière, occulte toute autre pensée par sa masse. Ce canard, là, dans sa mare, entouré de plantes aquatiques plus effrayantes les unes que les autres me font perdre mon calme. Le rêve de ce canard, encore et toujours, qui revient de plus en plus menaçant. Monsieur je vous assure qu’il me suit. Non, ne rigolez pas, bande d’automates ! Je n’oserais plus en parler, ridicule, oui je suis ridicule.
 Je ne suis pas fou. Réfléchissez, écoutez. Cet animal est inscrit dans l’imaginaire de tous. Les psychologues le perçoivent, comme la plupart des animaux, comme la transposition mentale des pulsions dans le monde imaginaire. Le pulsionnel vient du concept même de l’animal - anima, soit souffle de vie ou instinct. Les animaux interviennent si souvent dans les rêves et les arts. Forment des indentifications partielles à l’homme ; des aspects, des images de sa nature complexe : des miroirs de ses pulsions profondes, de ces instincts domestiqués ou sauvages. Chacun d’eux correspond à une partie de nous même, intégrée ou à intégrer dans l’unité harmonisée de la personne.

   J’y vois l’être qui m’échappe dans ce rêve, que voyez-vous ?
Héléna Lagréou, mars 2016

Diplômé de l’École Supérieure des Beaux-arts de Genève en 2004, Damien Guggenheim vit et travaille à Paris. Entre maquettes et installations, il conduit ses réalisations aux croisements du paysage et de l’histoire.












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son hublot du soir

14.3.16

Yves LANGLOIS, 18 mars 2016

Yves Langlois est né en 1951 à Valognes dans la Manche. Il entame une formation au Conservatoire de Paris avant de découvrir la photographie. Il se spécialise dans la photographie d’objets d’art pour de prestigieuses galeries ou collections et mène également une carrière de photographe portraitiste pour comédiens : ainsi, sa passion de la scène et du spectacle ne l’a pas quitté.
Parallèlement, sa curiosité naturelle le pousse à parcourir le monde à la rencontre de cultures et de territoires toujours en mouvement. Ses pas le portent aussi bien dans les grandes métropoles urbaines qu’au pied des plus hauts sommets de notre terre. Partout, ici, là, il croise et rencontre des vies, des histoires, des regards. Il voue une véritable passion de cœur pour l’Himalaya où réside une partie de sa « famille adoptive ».
 Avec humanité, par-delà les différences, la photographie lui permet de témoigner de belles conditions humaines, nous renvoyant, par jeu de miroir, à nos propres existences.

Nicolas Marailhac































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9.3.16

Pierric FAVRET, 11 mars 2016

"Créateur du spectacle cinématographique" voici l'épitaphe inscrite sur la tombe de Méliès. Si les frères Lumière ont inventé le cinéma, c'est bien Méliès qui a inventé Hollywood.
Pour le Hublot, Pierric Favret présentera une installation vidéo intitulée Post-production, une abstraction poétique et visuelle qui questionne cette dernière étape de la production d'un film. C'est dans cette dernière phase que l'on ajoute au film ces effets spéciaux qui donneront la magie nécessaire au cinéma "mainstream" d'Hollywood.
Dans ce dispositif, proche par certains aspects de l'attraction d'Edison, le Kinétoscope, il veut convoquer les origines du cinéma qui était d'abord pensé comme un spectacle forain devant émerveiller par ses qualités d'illusion...

"Le cinéma semble intéresser Pierric Favret en tant que projet, au sens large. Dans « projet », il faut entendre : dessein, idée, intention, plan, programme. [...] Ces propositions relèvent de l’exploration, de la tentative, et rejettent d’un revers de la main l’idée même d’objet fini. Machine à fantasmes, le cinéma n’est plus un passé que l’on ressasse nostalgiquement mais un moyen pour prendre à l’abordage des rêves d’images."

Extraits tirés du texte réalisé par Clara Schulman, à l’occasion de la 54ème édition du Salon de Montrouge, 2009

Photogramme tiré d'Histoire(s) du Cinéma de J.L.GODARD

 Le Kinétoscope d'Edison.






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3.3.16

Claire MOOG, 4 mars 2016

Focus sur Claire Moog - réalisé par la Galerie Kazoart 

Artiste de la région parisienne, c’est dans la banlieue sud de Paris que Claire Moog a établi son atelier, où elle a développé en autodidacte un art à son image: coloré et profond. Depuis 2010, elle présente régulièrement ses œuvres dans des expositions, donnant toujours la priorité aux démarches de démocratisation de l’art, une mission qui lui tient à cœur.Plusieurs supports lui sont nécessaires pour exprimer sa créativité, chacun complétant l’autre. En effet, la peinture à l’huile a toujours occupé une place importante pour Claire Moog, mais la linogravure est venue ensuite apporter une touche différente, lui permettant à la fois d’expérimenter de nouvelles facettes de son art et d’alimenter son inspiration de peintre.

Aujourd’hui, ces deux arts se conjuguent pour donner son identité à cette artiste riche en contrastes, qui n’hésite pas, d’ailleurs, à explorer aussi le domaine de la vidéo pour donner une dimension supplémentaire à sa recherche artistique, lorsqu’il s’agit de mettre en mouvement les accessoires qui lui sont chers et qu’elle aime représenter sur ses linogravures.

(interview en 4 questions à lire ici)




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