C'est au hasard de mes archives de photos
de voyage que j'ai commencé à faire une peinture plus personnelle, plus
artistique si l’on veut. C’était un cochon de lait à Budapest.
Pour
moi la peinture est un cheminement. Un sujet, prétexte à peindre, me fait
travailler une matière picturale, une façon de peindre qui à son tour
m’entraine vers un autre sujet, ou un détail apparaît dans une toile et je
l’approfondis. C’est la peinture qui m’amène dans des endroits que je n’aurais
pas vus, pas explorés si je n’avais pas envie de les peindre.
Elle
me permet de montrer au public des lieux ou des détails qu’il n’est pas à même
de regarder, par manque de temps, d’attention, par manque d’accessibilité, ou
simplement parce que ce sont mes yeux qui les regardent. Je lui présente des
non-lieux comme les toits des villes, le marché de Rungis; des gestes, des
postures dans des instants volés sur les lieux de travail ou les lieux publics.
Je veux parler du monde d’aujourd’hui tel que je le perçois.
Les
animaux des étals et de Rungis m’ont fascinés par leurs matières, la peau des
veaux et des cochons qui rappelle celle de l’homme, les couleurs luisantes des
poissons, la transparence de la glace, puis de là, les lignes et la perspective
des hangars, les structures métalliques, la profusion des carcasses et
l’empilement des boîtes de polystyrène blanches, un peu fantomatiques, leurs
reflets dans les sols chargés d’eau, les reflets des hommes, leurs gestes et
leurs tenues si particuliers, la raideur des tabliers, l’épaisseur des blouses,
les plis des pantalons blancs enfoncés dans les bottes brillantes.
Je
redonne à chacun de ces travailleurs une sorte d’individualité dans l’anonymat
qu’implique l’envergure de leur lieu de travail, sciemment caché du public par
la société. Dans des échelles diamétralement différentes, le regardeur devient
voyeur ou bien au contraire la toile s’impose à lui.
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Son Hublot du soir