Les identités fixes deviennent préjudiciables
à la sensibilité de l'homme contemporain engagé dans un
monde-chaos et vivant dans des sociétés
créolisées.
L'Identité-relation, ou l'"identité-rhizome"
comme l'appelait Gilles Deleuze, semble plus adaptée à la
situation. C'est difficile à admettre,
cela nous remplit de craintes de remettre
en cause l'unité de notre identité, le noyau dur et sans faille de
notre personne, une identité refermée sur elle-même, craignant
l'étrangeté, associée à une langue, une nation, une religion,
parfois une ethnie, une race, une tribu, un clan, une entité bien
définie à laquelle on s'identifie. Mais nous devons changer
notre point de vue sur les identités, comme sur notre relation à
l'autre.Nous devons construire une personnalité instable, mouvante, créatrice, fragile, au carrefour de soi et des autres. Une Identité-relation. C'est une expérience très intéressante, car on se croit généralement autorisé à parler à l'autre du point de vue d'une identité fixe. Bien définie. Pure. Atavique.
Et cela nous remplit de craintes et de tremblements de parler sans certitude, mais nous enrichit considérablement.
Edouard Glissant