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Madrid, 2004-2010 |
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Paris, 1998-2008 |
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Barcelone, 2000-2009 |
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Le projet Vita Nova, encore en cours, est né en 2009 d'un nécessaire désir de déplacement, de départ physique et mental pour recueillir, collecter, l'image de ceux et celles que des nécessités économiques et politiques exilent aux bords de l'Europe, de l'Autriche à l'Espagne.
Est apparue la nécessite d'approcher, comme opérateur, comme photographe, comme homme, les espaces qui naissent de cette migration. Espaces physiques, lieux précaires de résidence et / ou de travail, que la distance et le cadrage fragmentent et éloignent du réel, montrant par là l'uniformité de ces paysages intérieurs de l'errance, toujours clos, protégés de la vie dehors, sûrement stable. L'espace est rarement investi, car le temps de l'attente peut d'un seul coup disparaître pour l'urgence d'un nouveau départ.
De l'incertitude donc, des espaces transitoires, au seuil encore de ce qui se fixe, où il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre, que de rejouer les gestes du quotidien pour ne pas complètement perdre pied peut-être. Espaces mentaux enfin, en écho d'une posture du corps, d'une marque sur un vêtement, qui diffère définitivement la possibilité de voir en dedans, de nommer l'histoire qui se joue et se déjoue dans la frontalité du regard.
Produire enfin un espace singulier, un lieu photographique à la frange de la question documentaire, justement contrarié comme document, par les limites même de la photographie que le dispositif opère (fond lumineux, quasi contrejour, seuils d'apparition / disparition multiples). Chaque densité de l’image agit comme un écran, point de passage du regard. La durée du temps de pose compacte le défilement, et fige l’expérience (distanciée) d'un face à face avec, de portraits en portraits, une communauté qui s'invente.
E. A.
[La double datation correspond à la date d'arrivée de la personne dans le pays et à l'année où la photo a été faite]