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UN VENDREDI SUR 2 À PARTIR DE 19 H PLACE VOLTAIRE, un artiste installe dans une fenêtre une œuvre qu'il donne ainsi à découvrir 24 h/24, aux passants et habitants du quartier. L'accrochage est prétexte à un apéro-rencontre, ouvert à tous et en présence de l'artiste, pour partager un moment de convivialité et d'échange qui dure depuis maintenant des années. Une seconde œuvre de l'artiste est présentée hors vernissage le vendredi suivant.
24.9.13
16.9.13
Mai Tabakian, 20 septembre 2013
Libellés :
Mai TABAKIAN,
Sculpture,
textile
Les œuvres
créées par Mai Tabakian apparaissent comme des objets hybrides. Bien que
ne pouvant se définir à proprement parler comme des peintures, elles se
présentent néanmoins le plus souvent en images picturales, en tableaux. Dans le
même temps, la présence prégnante de la matière, du volume et de la structure,
leur donne immédiatement une dimension sculpturale, voire architecturale.
Objets hybrides, donc, aussi et surtout parce que le médium principal du
travail de Mai Tabakian est le textile. Ici, cependant, il ne s’agit ni de
broderie, ni de tapisserie, ni véritablement de détournement car le tissu est
employé pour ce qu’il est : matière, couleur, texture. Le travail de Mai
Tabakian pourrait s’apparenter à une sorte de marqueterie textile, le tissu
étant embossé sur des pièces rondes de polystyrène extrudé.
L’artiste
n’utilise pas le tissu comme une
matière à coudre, à assembler comme un vêtement, autour d’un corps, fusse-t-il
fictif, mais bien comme un medium
pictural, par lequel couleurs, textures et éventuellement motifs s’apparentent
à la palette du peintre. Pour elle, le tissu présente une grande richesse tant
sur les plans plastique, chromatique, texturel, que dans ce rapport si
particulier et sensuel au toucher, souvent ignoré dans la création plastique.
Dans leurs épaisseurs, leurs formes pleines et rebondies, leurs sinuosités, les
œuvres de Mai Tabakian donnent irrésistiblement envie d’en découvrir l’intime
géographie sous les doigts.
Mais au-delà de
cet intérêt formel, le choix de Mai Tabakian pour le tissu est sous-tendu des
échos d’une histoire personnelle avec cette matière. Car si son travail renvoie
d’emblée à la notion d’«ouvrage féminin», cette activité la rappelle à tout un
univers lié à son enfance, entre sa grand-mère maternelle qui pratiquait la
couture et l’y initia très jeune, et ses voyages au Viêt-Nam, dont elle est
originaire, où elle fut fascinée, petite fille, par la profusion de tissus
colorés, les vêtements chatoyants ou les soieries. On pense au rapport que
peuvent avoir certains artistes comme Louise Bourgeois ou Annette Messager avec
le tissu en tant que vecteur d’histoires de femme, de transmission de féminité,
mais aussi de souvenirs et d’évocation de l’enfance, ramenant souvent à l’objet
transitoire. Mais là où l’une ou l’autre de ces artistes se sont orientées vers
une forme d’expressionnisme de l’introspection et de la mémoire, Mai Tabakian a
choisi d’élaborer des compositions abstraites de formes, formes parfois
organiques, parfois plus géométriques, parfois semblables à des paraboles
mathématiques. Mais, le choix de ce rendu matelassé, comme un cocon ou un
réceptacle protecteur, pourrait bien, tout en suggérant une manière de se
protéger de trop en dire de soi, laisser émerger bien des hypothèses.
On devine alors,
sous ces dehors formels et abstraits, une épaisseur existentielle, une émotion
affleurant, des histoires et des réminiscences complexes qui ne se laissent pas
envisager au premier regard, trop occupé à se perdre dans le labyrinthe et les
contours sinueux des motifs formés par les applications de tissu.
Les œuvres de
Mai Tabakian, malgré les couleurs chatoyantes, gaies ou douces, glitter ou
pastels, recouvrent sans doute bien de plus inquiétantes ou douloureuses
réalités, sentiments ou pensées, comme une forme de lutte contre une cruauté
dont nous ne savons pas tout.
Marie
Deparis-Yafil
Critique et commissaire
d’exposition
10.9.13
Fred Maillard, 13 septembre 2013
La peinture de Fred Maillard est toujours le fait de collisions improbables : celles d’univers si distants que toute rencontre nous semble impossible. Fred Maillard relie, fait la synthèse de ces réalités qui nous échappent. Il n’y a pas que la ville ou la campagne. Il existe aussi des lieux où coexistent la ville et la campagne, le monde du travail et le monde des loisirs, la technologie et l’archaïsme. Ces univers, habités de signes, d’hommes, d’objets s’interpénètrent les uns les autres dans des frontières que nos esprits peinent à se représenter. Il est vrai qu’ils se dégradent, perdent de leur magnificence lorsqu’ils sont en contact. Les abords des villes ne sont jamais séduisants…. Les titres donnés à chacune des œuvres sont mystérieux. Ils nous aident à faire notre deuil des images cellophanées que l’esprit attribue automatiquement aux éléments picturaux. Le trader, la campagne, l’astronaute ou la charte graphique d’un office de tourisme régional se dissolvent pour mieux recomposer l’univers dans lequel tout perd son sens et sa nécessité. Cet univers, « Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,— Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère ! » puisque c’est le nôtre.
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