Elle est là devant
moi, discrète, à peine esquissée, presque suspendue et flottante sur un fond
sombre dilué délicatement de ton noir légèrement bleuté. Elle est là tel un
petit éclat de lumière blanchâtre, raffinée et tremblée plus que dessinée. Un
effleurement, presque une évanescence. C’est une cigarette, m’affirma-t-il.
Elle eût pu être souche, boîte, lunette, foule. Elle ne deviendra jamais cendre
et ne s’éteindra pas car elle demeure avant toute autre chose peinture, et
magnifiquement peinture. C’est son essence même. Elle ne deviendra pas
puisqu’elle est déjà. « Ce qui fait la noblesse d’une chose, c’est son
éternité », dit Leonard De Vinci. C’est aussi lorsqu’elle est grande
et incarnée, ce qui fait la noblesse de la peinture. Lui, c’est Stéphane Fromm,
artiste discret, réservé, d’une honnêteté de cœur et d’esprit rares, et peintre
très talentueux et inspiré. C’est d’ailleurs cette très grande élégance pourtant
fragile, perçue simplement, qui, lorsque vous découvrez sa peinture, vous
enlace et vous émeut profondément.
Une évidence humaine
et picturale. Aucun artifice, aucun bruit, nulle dissonance, aucune fureur ou
pesanteur ne vient accabler votre regard. Nous sommes à l’abri de toute
intrusion malvenue, il n’y a plus qu’à voir, se laisser porter et envelopper
par une perception des êtres et des choses, ténue et sensible. Un accompagnement
guidé par la main d’un artiste convaincu de la nécessité de peindre. Et lorsque
le rouge arrive parfois, aucune violence, c’est pour mieux cerner la chose à
voir avec pertinence et subtile
délicatesse.
(…)
Denis Martin
Extrait du catalogue
de l’exposition à la Galerie Convergences
Souche, huiles et encres sur toile 2019 |
Ultima sigaretta, encres et huiles sur papier 2019 |
Die ungebornen Enkel, encres et huiles sur papier 2019 |