26.6.12

Jérôme RAPPANELLO, 29 juin 2012


Sans titre, de la série "Sculptures", 2009

Si la photographie […] est un art de la frustration, il n’est pas étonnant de trouver une certaine satisfaction à regarder les photographies démystifiantes de Jérôme Rappanello. La vérité crue de ses photographies miroir ne fige pas l’image ; au contraire, elle présente l’état d’une chose sans arrangement ni pose, simplement abandonnée à son sort. Et si l’effet d’une image tient à ce qu’elle s’abandonne, pour que l’on puisse mieux y pénétrer, Rappanello et ses miroirs réussissent là un coup de magie.


Sarah Roshem, extrait, mars 2012.


D'autres réalisations de Jérôme RAPPANELLO sur son site
et dans Hublots du soir 

19.6.12

Gilles FROMONTEIL, 22 juin 2012


« J'entends soudain des chiens dans la cour. Un chevreuil passe juste sous mes fenêtres. Je sors très en colère car mon terrain est classé "refuge". Les chiens ont suivi le chevreuil en bas vers le ruisseau. Je l’y découvre enfin, il rend son dernier soupir allongé dans des taillis. C'est l’un des trois chevreuils que je croisais souvent dans les matins d'hiver. Il habitait là avec ses deux chevrettes. Il est venu mourir "à la maison".

Après un court échange avec les chasseurs restés sur le chemin, je les autorise à aller le chercher. Ils me proposent la tête pour la naturaliser. Curieusement, j’accepte, en pensant sans doute intuitivement "porcelaine". Prolonger la vie de ce chevreuil par l'art.

Moulage un peu bizarre. Impressionnant de mouler une vraie tête de chevreuil mort. J'étais très ému. Depuis, j'ai réalisé une dizaine de tests, dont les premiers sortent juste du grand feu. C'est le début d'un travail... Je ne sais où il m’entraîne, on verra. Joseph Beuys expliquait bien le capitalisme à un lapin mort. Je vais essayer de parler justice et fraternité avec mon chevreuil. 

Racontant cela à un ami, il me corrigea : Pas un lapin mais un lièvre. Pas le capitalisme mais des œuvres d’art… »




Ces pièces en porcelaine ont été réalisées par G. F.
grâce au concours du Groupe Deshoulières.


D'autres réalistation de G. F sur son site,
dans Hublots du soir et dans cet album :


12.6.12

Thomas SALET, 15 juin 2012

15 x 12 x 8 cm, 2010
65 x 21 x 9 cm, 2010
27 x 12 x 24,5 cm, 2010


[...] "Du volume dans un volume, essayons cela ; de petites formes en céramique qui profitent de la nuit..." [...]
T.S.

Pour le Hublot, Thomas SALET présente une ensemble de très petites céramiques en suspension. Un traitement spécial les rendant phosphorescentes une fois plongées dans l'obscurité, l’éclairage du Hublot sera donc régulièrement éteint. A voir dans Hublots du soir, une très vaine tentative de captation photographique...


D'autres travaux de T. S. sur son site,
et celui de la galerie Frédéric Lacroix
qui lui consacre actuellement une exposition personnelle.

5.6.12

Ruth GURVICH, 8 juin 2012



Lightscape (biscuit), 2009, porcelaine, Manufacture Nymphenburg


Tout commence par une feuille de papier

Voilà ce que nous pourrions dire pour amorcer un regard critique sur l’œuvre de Ruth GURVICH, en précisant tout aussitôt : « tout se poursuit par une feuille de papier ». 

Ruth GURVICH a élu le papier comme son matériau de prédilection. Le papier est constitutif de son travail, il en est sa base même, son principal médium. 

Depuis une dizaine d’années, elle utilise les multiples facettes de ses caractéristiques : son grain, sa texture, sa couleur, sa densité, sa porosité, son épaisseur… alliant sa souplesse et sa légèreté… conjuguant pliage, façonnage, déformation… l’imbibant d’eau, de peinture, d’acrylique… le renforçant avec de la colle, des treillages d’acier, de carton… composant des formes, des volumes, des aplats… créant installations et mises en scène… elle dessine au crayon, peint à l’aquarelle, à l’acrylique… Entre ses mains le papier invente sa forme. Tantôt feuille, il devient objet ; tantôt moule, il devient empreinte. 

Le papier, support de son travail, en serait son principal objet, si ce n’est que celui-ci s’enrichit de la problématique artistique toute particulière de Ruth GURVICH que nous pourrions résumer pour simplifier : le brouillage des codes. 

Du papier aux objets reconstruits ou du papier aux objets reconstruits puis écrasés Ruth GURVICH a inventé la porcelaine. Non qu’elle ait découvert un matériau nouveau, mais elle nous en donne une lecture nouvelle. Avec elle, la porcelaine gagne la texture, la finesse du papier. Avec elle, la porcelaine reconstruit avec une maladresse feinte l’histoire de la céramique, l’histoire de l’art. Les constructions géométriques du papier imposent et transforment par facettes successives une forme classique en une forme contemporaine. Les tensions internes provoquées par les assemblages collés, créent de légères déformations dont Ruth GURVICH s’accommode et qu’elle exploite. Les objets s’allègent, se libèrent du poids de leur histoire et acquièrent une fragilité gorgée d’humanité. Malgré les tensions, le papier entre les mains de Ruth GURVICH acquiert son autonomie. La matière semble renaître, le dessin prendre corps.
Christian TOLOSA 
extrait du texte Les champs croisés - Ruth Gurvich : Œuvre ouverte I
9 octobre 2007



Trois aquarelles sur montage en papier, 2009, env. 32 x 32 cm chacune


D'autres réalisations de Ruth GURVICH sur son site,
dans Hublots du soir et dans cet album


1.6.12

Florence CHEVALLIER, 1er juin 2012






L’exotisme a constitué pour moi un mode d’être changeant, un jeu avec l’autre, l’autre soi-même celui que l’on crée et recrée chaque jour dans l’œuvre d’art.
L’architecture / le corps / la lumière sont les trois éléments prépondérants de ma photographie. J’inclus la nature au centre de ces trois piliers : la mer, les arbres, les animaux, le ciel.

Ainsi en Méditerranée vais-je chercher des lieux ouverts, des constructions inachevées, une vie « dehors » où les vivants par leurs gestes et leur présence, révèlent ces lieux, ces paysages, comme autant de figures intériorisées de l’histoire. Histoire de notre culture, de notre imaginaire à déchiffrer et à représenter.

La dimension autobiographique avec laquelle je joue depuis longtemps se marie avec le mythologique prouvant que nous sommes tous des personnages issus des mythes anciens. L’exotisme ne serait plus alors une valeur d’oppression sur l’autre, dont on exploite l’image et le vécu, mais un écho à cette part de nous mêmes qui nous est étrangère et se renouvelle indéfiniment. Résider est une façon de continuer à voyager dans l’espace et le temps psychique avec une ouverture du regard, d’être un étranger «voyant».

Il me semble que le photographe est le seul à même de parcourir ces espaces, ces géographies et de tirer le fil sensible de l’histoire présente. La situation mouvementée dans certains pays méditerranéens (voire tous les pays) de cette zone du monde, nous place dans une position délicate d’avoir à travailler sur ces lieux et leurs habitants loin du factuel et du reportage. Mon souci de l‘intériorisation des images et de leur caractère exotique, le choix du lumineux et du sculptural, du mythologique lié à la part autobiographique me place d’emblée dans un hors temps nécessaire au travail de l’imagination artistique.

Ma naissance à Casablanca m’a placée très tôt au cœur des problématiques du monde méditerranéen, de l’extraordinaire vitalité de ses mélanges culturels, humains et de ses conflits permanents.

Mon travail consiste à montrer les différentes facettes de pays qui nous placent devant notre propre histoire, passée, présente et à venir et face à nos paradoxes, entre désir et refus de l’autre.
F.C.

D'autres photographies de Florence CHEVALLIER
 sur son site, dans Hublots du soir et dans cet album