22.11.10

Martine DERRIER, 26 novembre 2010


"J’ai toujours été fascinée par la langue et tout ce qui est en rapport : la lettre, le mot, la phrase, le texte, l’œuvre écrite de sa plus petite unité à sa forme la plus accomplie aussi bien son contenu que son contenant : la lettre du mot, le mot de la phrase, la phrase du chapitre, etc... C’est ainsi que je me suis intéressée très tôt au graphisme, pour faire les annonces du salon de coiffure de mes parents, à la publicité quelques années plus tard dans une école de publicité puis aux Beaux-arts, à la poésie (autre épisode de ma vie) puis au théâtre qui occupe toute ma vie actuelle.

Le théâtre est à mon sens une belle illustration de la mise en scène du texte qui doit être très précise vis-à-vis de l’utilisation des mots, de leur sens et de l’espace-temps qu’ils occupent. Mon travail plastique est devenu plus marginal, tout en restant attaché au graphisme, aux enluminures et à l’écriture. Maintenant, je me libère de tous mes apprentissages pour revenir à mes premiers émois de composition des lettres, des mots, leur place dans un espace donné, leur sens, leur mise en jeu dans un souci poétique ou ironique. La forme puzzle, suite, pointillée a émergé avec l’évidence de ce qui précède : l’imbrication du plus petit au plus grand, le mot paysage, l’abstraction proposée par le dessin, la citation qui nous ramène au sens..."

8.11.10

Joëlle JOLIVET, 12 novembre 2010



Du grand roman épique de Herman Melville, Moby-Dick ou le Cachalot [1851], Joëlle Jolivet et Gérard Lo Monaco ont retenu dix scènes dont la succession dessine, à grands traits, l’histoire du capitaine Achab poursuivant de sa haine fanatique le cachalot blanc qui l’a mutilé. Chaque composition, au moment ou le lecteur tourne la page, se met littéralement en scène, selon un savant travail de découpe, et l’on croit tenir entre les mains, dix fois, la maquette d’un décorateur, reproduisant en miniature les personnages en pleine action et le riche décor où ils évoluent.

La délicieuse magie de ce théâtre privé rappelle les séductions du diorama du XIXe siècle, succession de vues peintes auxquelles de subtils jeux d’éclairage donnaient, pour le spectateur qui les contemplait dans l’obscurité, l’illusion du relief et de la perspective. Cette impression d’images venues d’un monde lointain est accentuée par le choix qu’ont fait les deux artistes de composer les pages du roman qu’ils ont voulu illustrer dans le style tapageur des affiches d’autrefois. Le regard s’attarde sur les fantastiques irrégularités de la typographie du texte et s’aventure dans les profondeurs et les détails de la scène qui lui correspond avec le même bonheur de retrouver, devant tant d’étranges beautés, les émerveillements de l’enfant.

Pour Le Hublot, Joëlle Jolivet a réalisé un diorama d'environ 150 x 150 cm
(ceux du livre font environ 19 x 29 cm...)


Davantage de choses encore ici ou
et visite d'atelier dans cet album :