26.3.18

Camille d'ALENÇON, le 30 mars 2018


C'est au hasard de mes archives de photos de voyage que j'ai commencé à faire une peinture plus personnelle, plus artistique si l’on veut. C’était un cochon de lait à Budapest.
            Pour moi la peinture est un cheminement. Un sujet, prétexte à peindre, me fait travailler une matière picturale, une façon de peindre qui à son tour m’entraine vers un autre sujet, ou un détail apparaît dans une toile et je l’approfondis. C’est la peinture qui m’amène dans des endroits que je n’aurais pas vus, pas explorés si je n’avais pas envie de les peindre.
            Elle me permet de montrer au public des lieux ou des détails qu’il n’est pas à même de regarder, par manque de temps, d’attention, par manque d’accessibilité, ou simplement parce que ce sont mes yeux qui les regardent. Je lui présente des non-lieux comme les toits des villes, le marché de Rungis; des gestes, des postures dans des instants volés sur les lieux de travail ou les lieux publics. Je veux parler du monde d’aujourd’hui tel que je le perçois.
            Les animaux des étals et de Rungis m’ont fascinés par leurs matières, la peau des veaux et des cochons qui rappelle celle de l’homme, les couleurs luisantes des poissons, la transparence de la glace, puis de là, les lignes et la perspective des hangars, les structures métalliques, la profusion des carcasses et l’empilement des boîtes de polystyrène blanches, un peu fantomatiques, leurs reflets dans les sols chargés d’eau, les reflets des hommes, leurs gestes et leurs tenues si particuliers, la raideur des tabliers, l’épaisseur des blouses, les plis des pantalons blancs enfoncés dans les bottes brillantes.
            Je redonne à chacun de ces travailleurs une sorte d’individualité dans l’anonymat qu’implique l’envergure de leur lieu de travail, sciemment caché du public par la société. Dans des échelles diamétralement différentes, le regardeur devient voyeur ou bien au contraire la toile s’impose à lui.




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19.3.18

Anne-Sylvie HUBERT, le 23 mars 2018


Une peinture quitte son châssis, elle devient volume objet.
Dans cette série « Le poids de la peinture, emballage », j'exerce un même processus: 
choix des peintures à dégrafer du châssis, les plier selon une méthode laissant apparaitre le bord, format d’empaquetage commun à toutes (taille dossier archivage), prélèvement dans la toile d’un rectangle de 11x18 (format livre de poche) sur lequel au verso j'annote l’aventure de la toile, sa taille, son poids.
Ce sont des toiles ficelées, pliées avec leurs fiches.
Que voit on, peut-on la déplier ? 
Regardez ainsi !
Par ailleurs j'expose et j'interviens dans l’espace public par des commandes d’œuvres et des projets de colorimétries.




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Son Hublot du soir

12.3.18

Hang LU, le 16 mars 2018



Je ressens toujours l’existence de deux mondes. L’un étant celui de notre quotidien, et l’autre, celui de notre conscience influencée par les médias, les rumeurs et notre propre expérience. Ce dernier se cache derrière notre monde ordinaire, mais manipule secrètement notre vie réaliste. 
 Mes peintures représentent mes sensations concernant gens et choses du monde réel.  En voilant leurs détails formels, je ne garde que les traces des sujets qui m’ont intimement imprégnées ; puis, je les réincarne avec mes pinceaux, dans une réalité ordinaire afin de créer un autre monde, celui de la perception.
 Je suis conscient que plus tard, les gens volontairement, déformeront, éluderont ou oublieront la mémoire de ces personnes et évènements et par voie de conséquence leurs traces lentement se transformeront et se dissiperont au fil du temps. Alors pour moi, mes tableaux sont juste une mémoire qui semble significative aujourd’hui mais deviendra insignifiante si l’on en parle à l’avenir.
   A propos de l’oeuvre exposée:
Cette peinture est une histoire sur la conspiration et la vigilance. Peut-être que ces trois personnages sont dans l'âme de chacun ou ils se cachent dans des coins sombres du monde réel.





Le site de Hang LU ici

Son Hublot du soir


5.3.18

Fabienne OUDART, le 09 mars 2018

Les identités fixes deviennent préjudiciables à la sensibilité de l'homme contemporain engagé dans un monde-chaos et vivant dans des sociétés créolisées.
L'Identité-relation, ou l'"identité-rhizome" comme l'appelait Gilles Deleuze, semble plus adaptée à la situation. C'est difficile à admettre, cela nous remplit de craintes de remettre en cause l'unité de notre identité, le noyau dur et sans faille de notre personne, une identité refermée sur elle-même, craignant l'étrangeté, associée à une langue, une nation, une religion, parfois une ethnie, une race, une tribu, un clan, une entité bien définie à laquelle on s'identifie. Mais nous devons changer notre point de vue sur les identités, comme sur notre relation à l'autre.
Nous devons construire une personnalité instable, mouvante, créatrice, fragile, au carrefour de soi et des autres. Une Identité-relation. C'est une expérience très intéressante, car on se croit généralement autorisé à parler à l'autre du point de vue d'une identité fixe. Bien définie. Pure. Atavique.
Et cela nous remplit de craintes et de tremblements de parler sans certitude, mais nous enrichit considérablement.
Edouard Glissant


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