28.11.12

François LEMAIRE, 30 novembre 2012





Il n’est pas d’un pays ni même d’une région, il dit être d’une maison.

La maison-mère, lieu des premiers instants de la vie ou d’une vie toute entière, construction symbolique de « brique » et de « broque », refuge, cachette, lieu de mémoire… 

Il dit avoir construit cette série « On dirait le Nord » un peu à la façon de Georges Perec avec son livre Je me souviens où des événements aussi anodins qu’extraordinaires ressurgissent en couleur pour devenir ce qu’il appelle des paysages improbables.

F. L.

D'autres réalisation de François Lemaire sur son site 
et "La maison-mère" dans Hublots du soir.

21.11.12

Richard MÜLLER, 23 novembre 2012





[ De haut en bas : Winkelriedstrasse, 1983 - L'immeuble, le soir - Vue de l'immeuble - A l'atelier
Quatre dessins au crayon sur papier contrecollé sur carton, chacun 37 x 45 cm, tous de 2012]


Le point de départ de la création artistique de Richard Müller consiste en des impressions et des images de paysages concrets et de lieux à caractère de paysage à partir desquels il crée de nouvelles images par des processus de transformation multiples.

Les transformations se produisent lors des passages d’un médium d’image à l’autre  – une carte postale devient photo, la photo devient dessin, le dessin devient installation, ou bien  : une vidéo devient photo extraite d’une vidéo, qui devient un dessin, le dessin devient image murale  – tout comme dans le « jeu » ciblé avec les règles de l’image et les caractéristiques des différents médias.

Dans ses travaux à ce jour, Richard Müller a développé une stratégie artistique de la transformation et de la variation qui l’a conduit à un langage imagier qui lui est propre. Il est intéressant de voir à quel point les « images de départ » concrètes restent importantes et actives tout au long du processus.

Dr. Theodora Vischer, Schaulager Bâle, juin 2005
Traduit de l’allemand par Raphaëlle Fraysse, Berlin



D'autres réalisation de Richard Müller sur son site et dans Hublots du soir.

14.11.12

Martine de BAECQUE, 16 novembre 2012

« In-différence ». Cette installation est née de l'alliance de deux couleurs, d'un thème, d'un espace immense rempli de lumière. Mes recherches affectionnent particulièrement la création lithographique mélangeant le dessin et la couleur utilisant superpositions et transparences à la frontière de l’abstraction et de la figuration. Grace au multiple lithographique, une foule d’enveloppes d’hommes et de femmes se sont installée devant la verrière d'un grand magasin. Tous pareils et tous différents, « La petite robe noire », uniforme emprunté au monde de la mode, et le célèbre « Marcel » emprunté au monde du travail. Caricature ? Au fur et à mesure des impressions, le rouge et le noir se mélangent et des différences apparaissent. Manière ironique de questionner le regard de l’autre et l'apparence, la disparition et l’anonymat, la différence et l’indifférence.
M. de B.


D'autres réalisation de Martine de Baecque sur son site et dans Hublots du soir.

6.11.12

Catherine VIOLLET, 9 novembre 2012

Fusain et huile sur toile, 2010, 300 x 270 cm
Série Ibérique, fusain et pâte pigmentaire sur toile, 2010, 185 x 140 cm
Série Le pas de temps du modèle, 2010, 140 x 185 cm

Lorsque Catherine Viollet m’a invitée à écrire ce texte, je suis retournée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris visiter la collection. C’est toujours un moment qui m‘apaise beaucoup que de revoir les Bonnard, les salles Supports/surfaces, ou encore les œuvres de Martial Raysse. Disons que « je m’y retrouve »…
Les hasards du calendrier ont fait qu’au même moment, les expositions d’André Cadere et A. R. Penck étaient à l’affiche. Si la « peinture en bâton » de l’un me permettait d’appréhender le contexte français des années 70, la peinture sur toile de l’autre m’aidait à mieux comprendre la rencontre de l’abstraction et de la figuration, du signe et du symbole… et donc, entre ces deux rétrospectives, à mieux cerner l’histoire de Catherine et de sa peinture, sa peinture à un moment de cette histoire.

Ce qui m’a intéressée lorsque j’ai vu pour la première fois son travail il y a quelques années, c’est son principe de « dé-liaison ». Dans un premier temps, de façon formelle, la dé-liaison nommait la distance entre dessin et couleur, la dissociation du trait et de l’aplat, et donc, en conséquence la part du vide dans le tableau.
J’ai retrouvé ensuite un peu partout ce mot de dé-liaison : en économie, dans l’urbanisme, en psychanalyse… et pour au moins chacun de ces trois domaines, l‘on conviendra avec moi que le vide est on ne peut plus significatif…
Outre la nécessité de rappeler que la dé-liaison est aussi ce qui permet à l’air de circuler dans le tableau, elle nomme ainsi la perte, l’absence de lien.
Je m’interrogeais en même temps sur la possibilité pour sa peinture, dans son déroulement, de devenir le lieu même de la restauration de ce lien. Comme le pointe Alin Avila : un air tumultueux circule sur le tableau et si tout ne vole pas, c’est bien parce que le regard tient, tend tout cela, une tentative d’équilibre instable selon la formule, employée dans d’autres circonstances, par Sylvia Bächli.

Mais ce qui m’intéressait plus profondément encore, et comme à chaque fois que je regarde de la peinture contemporaine, c’était sa capacité à me distancier tout autant qu’à me propulser dans les préoccupations d’un monde fait de flux et de réseaux, de circulations et de relais, de véhicules d’informations, d’objets, d’hommes…
Je l’ai déjà écris ailleurs : comment des notions telles que l’immédiateté de l’information, l’abolition des distances … mais aussi le durcissement des frontières, l’accroissement des inégalités entre centre et périphérie, nord et sud viennent enrichir le vocabulaire des pratiques picturales, et, à l’inverse, la possibilité pour la peinture de s’en emparer ?
Comment imaginer une traduction plastique à ces réseaux qui couvrent désormais l’ensemble de la surface de la planète, et dont l’immatérialité rajoute beaucoup à la brutale immédiateté de leurs effets.
C’est, à mon sens, cette immatérialité qui fait de la peinture et de sa capacité à transformer des signes en symboles un des médiums les plus pertinents pour une tache d’envergure : donner une image à cette nouvelle organisation du monde, et ainsi, adoucir le traumatisme dont parle Paul Virilio d’une désorientation fondamentale dû aujourd’hui au temps réel, successif à celui de l’espace réel de la Renaissance.
Catherine elle-même en parle : Comment rester serein et en harmonie quand tout se bouscule, quand ce début de siècle met en œuvre les grands mouvements du monde, que ces évènements prennent tellement le cœur et l’âme...

1.11.12

Gwenaël SALAUN, 2 novembre 2012






Célébrant la fertilité du chaos, Gwenaël Salaün peint et dessine, dit-il, « l'enregistrement de notre environnement. J'échantillonne à travers les différents médias ma sélection d'images, les résidus, les reliquats de notre culture, pour constituer mon fond et réaliser un montage directement sur la toile au pinceau ». Résultat ? Des fonds badigeonnés largement de tons mats mais lumineux, des silhouettes transparentes, des visages insolents ! Tout cela cavale et crie, se fond en se superposant, proclamant ainsi un état d'urgence d'adaptation. Vivre, c'est se métamorphoser. Salaün parle de notre monde sans le dénoncer et bien davantage en l'enchantant. Trop de choses vont trop vite ? Ses peintures l'admettent, mais, ce faisant, invitent à l'apprivoiser. N'ayons pas peur.
Françoise Monnin
Artension, n°43, p. 36, 2008

D'autres réalisation de Gwenaël Salaün
sur son site et dans Hublots du soir.