5.6.12

Ruth GURVICH, 8 juin 2012



Lightscape (biscuit), 2009, porcelaine, Manufacture Nymphenburg


Tout commence par une feuille de papier

Voilà ce que nous pourrions dire pour amorcer un regard critique sur l’œuvre de Ruth GURVICH, en précisant tout aussitôt : « tout se poursuit par une feuille de papier ». 

Ruth GURVICH a élu le papier comme son matériau de prédilection. Le papier est constitutif de son travail, il en est sa base même, son principal médium. 

Depuis une dizaine d’années, elle utilise les multiples facettes de ses caractéristiques : son grain, sa texture, sa couleur, sa densité, sa porosité, son épaisseur… alliant sa souplesse et sa légèreté… conjuguant pliage, façonnage, déformation… l’imbibant d’eau, de peinture, d’acrylique… le renforçant avec de la colle, des treillages d’acier, de carton… composant des formes, des volumes, des aplats… créant installations et mises en scène… elle dessine au crayon, peint à l’aquarelle, à l’acrylique… Entre ses mains le papier invente sa forme. Tantôt feuille, il devient objet ; tantôt moule, il devient empreinte. 

Le papier, support de son travail, en serait son principal objet, si ce n’est que celui-ci s’enrichit de la problématique artistique toute particulière de Ruth GURVICH que nous pourrions résumer pour simplifier : le brouillage des codes. 

Du papier aux objets reconstruits ou du papier aux objets reconstruits puis écrasés Ruth GURVICH a inventé la porcelaine. Non qu’elle ait découvert un matériau nouveau, mais elle nous en donne une lecture nouvelle. Avec elle, la porcelaine gagne la texture, la finesse du papier. Avec elle, la porcelaine reconstruit avec une maladresse feinte l’histoire de la céramique, l’histoire de l’art. Les constructions géométriques du papier imposent et transforment par facettes successives une forme classique en une forme contemporaine. Les tensions internes provoquées par les assemblages collés, créent de légères déformations dont Ruth GURVICH s’accommode et qu’elle exploite. Les objets s’allègent, se libèrent du poids de leur histoire et acquièrent une fragilité gorgée d’humanité. Malgré les tensions, le papier entre les mains de Ruth GURVICH acquiert son autonomie. La matière semble renaître, le dessin prendre corps.
Christian TOLOSA 
extrait du texte Les champs croisés - Ruth Gurvich : Œuvre ouverte I
9 octobre 2007



Trois aquarelles sur montage en papier, 2009, env. 32 x 32 cm chacune


D'autres réalisations de Ruth GURVICH sur son site,
dans Hublots du soir et dans cet album