5.12.17

Valérie LEMARQUAND, 8 décembre 2017


Rugosité, masse, mutation.
Transcription à l'encre de la matière rocheuse. Dessin rapide sur un papier qui se déforme en absorbant l'eau et laisse apparaître sa tranche. La forme prend une grande partie de la surface du papier, elle est proéminente et oscille entre la tâche, les traits du pinceau et la représentation d'un volume massif aux aspérités rugueuses et dures. Forme centrale et frontale, en lévitation ou en chute, elle évoque une solidité mais également un mouvement, un mécanisme lent de transformation et d'expansion.
Il y a le procédé du déplacement et celui de l’ellipse. Je choisis des objets existants que je sépare de leur contexte : ils deviennent des motifs que je m’approprie en déplaçant ou occultant un élément de leur constitution. Une brèche s’ouvre de l’objet réel à l’objet représenté, je crée un écart pour mieux me distancier de l’objet réel, le réinterpréter, lui donner un sens nouveau, le subvertir. Mes sculptures se situent dans un entre-deux qui les rendent instables et ambigües.
Formée à la broderie, je défais ce savoir-faire en le détournant : dans sa technicité, par le déplacement de matériaux et dans sa fonction décorative par le choix de motifs inappropriés.
Je m’intéresse à la présence de l’objet et à sa valeur physique. Mon processus de travail est manuel et implique le corps dans un rapport performatif au matériau. Je me lance dans des entreprises dont l’issue est incertaine et les problèmes se résolvent au fur et à mesure. Cela exige parfois des temps longs de travail et me met à l’épreuve physique et psychologique.
Je me donne une règle, un principe conceptuel, que j’applique de manière répétitive, dans un laps de temps indéfini. La matière choisie vient interférer avec le cadre : souvent réfractaire, elle crée des déviations, des aléas de parcours, des trames imparfaites. La réalisation de la plupart de mes pièces ne relève pas d’une technique, mais d’actions simples telles que : coudre, tisser, superposer, modeler.
A travers mon travail j’expérimente différentes temporalités et je questionne les notions contraires de force et fragilité, de lien et absence de lien, de continuité et discontinuité.

  


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