Il vaut mieux fumer des Definitivos provisoirement
que des Provisorios définitivement
En suspension, détail |
(...) Au Portugal, il y avait deux marques de cigarettes que j’aimais bien, l’une s’appelait « Definitivos » et l’autre « Provisorios ». Je cherche alors les marques de cigarettes sur Internet afin de vérifier à quoi ressemblent ces fameux paquets dont les noms me séduisent. Pas d’image dans un premier temps mais un slogan apparaît : « Il vaut mieux fumer des “Definitivos” provisoirement que des “Provisorios” définitivement ». J’en ferai le titre de mon texte car il y a dans cette phrase une synthèse du paradoxe qui me plaît et qui tend à éclairer un certain nombre d’œuvres récentes d’Alexandra Sà, sans parler des plus anciennes dans lesquelles la chute, figure essentielle, remplissait cette fonction de nommer autrement cette instabilité, ce provisoire et ce définitif. Il y a aussi dans la manière dont nous sommes « tombées » ensemble sur cette phrase magique, une intensité qui correspond à l’époque - la trouvaille hasardeuse des moteurs de recherche qui toujours, par son immédiateté, vérifie et intensifie la rencontre avec l’information. Et puis, cette approche par ricochets me semble en phase avec la manière dont le travail de beaucoup d’artistes se construit aujourd’hui. Un point de départ ancré dans la matérialité des objets, puis une recherche sur leur existence, leur fonction, leur contexte sémiotique, scientifique, culturel… Jusqu’à synthétiser leur histoire en une forme plus ou moins fixe, plus ou moins provisoire dans le définitif ou définitive dans le provisoire et, la possibilité qu’advienne un univers.(...)
Maëlle DAULT
extrait, "Alexandra Sà - Catalogue", Editions Analogues, 2010
En suspension, 2010 impression A3 ("Le Saut dans le vide" d'Yves Klein, corps pixellisé en bleu), ventilateur, 120 x 40 cm |
Retrouvez Alexandra Sà sur son site
et la pièce présentée :
Feuilleté, 2010
bois contre-plaqué cintrable,
tréteaux modifiés
60 x 80 x 80 cm
dans Hublots du soir.