Nous ne sommes pas seuls. Et pourtant la solitude existe bien, elle nous cerne dans notre quotidien.
Peindre, c'est lutter constamment contre un sentiment d'échec, tenter d'être présent à soi-même, sortir du chaos*, faire ce bond en avant hors des conventions, ce pas de côté vers une quête d' harmonie.
La peinture recommencée. Rien n'est achevé.
Il y a la rencontre des êtres, celle des paysages et de la nature. Dans ma pratique de l'art, je les tiens sur un même plan de valeurs, elles ont une égale importance. C'est ce qui me constitue et c'est le fondement de ma peinture.
L'Abstraction c'est la réalité refaçonnée, la réalité est constituée par la chose vue et l'émotion qu'elle fait naître.
Que je foule la terre labourée dans un champ ou aux pieds des oliviers, que je contemple l'océan et ses variations de gris, de bleu et de vert, c'est toujours la même puissante émotion qui en moi résonne. Un élan vers la vie. Peindre c'est ordonner le chaos en soi et sur la toile.
On est toujours tenté de faire du neuf. Faire du nouveau, c'est se tenir face à l'inconnu. Cet inconnu, c'est lui qui me pousse chaque jour à me remettre à l'ouvrage.
* Gilles Deleuze