Au cœur d’un dialogue ouvert entre abstraction et figuration, la peinture de Marie-Jeanne Caprasse définit les termes d’un réalisme libre, qui brise l’objectivité de la représentation par la réinterprétation vibrante de ses modèles. Concevant ses portraits comme des paysages, et réciproquement, elle prend des photographies collectées au fil des ans pour points de départ d’un naturalisme fantasmagorique, dominé par un sentiment d’étrangeté. {…}
La confusion de l’humain et du végétal donne lieu à des paysages possiblement anthropomorphiques, résolument ancrés dans un « exotisme », compris au sens d’esthétisation de l’extranéité. Avec la série Reality (2013-15), les plantes tropicales (palmiers) ou des déserts (yucca) côtoient ainsi cyprès, pins et champignons dans des décors de fantaisie, délestés de toute marque temporelle. Autres paysages et paysages de l’autre, ils sont représentés dans la prolifération, le rhizomatique, l’entrelacement et le foisonnement, déployant une organicité folle et autonome. Des forêts qui composent des bouquets géants aux plantes mutantes où les végétaux entremêlés dessinent un labyrinthe naturel comme métaphore des circonvolutions et des plis de l’appareil psychique.
Florian Gaité, Marie-Jeanne Caprasse, (Dé)Figurer l’étrange (extraits), mars 2016
Le site de Marie-Jeanne Caprasse ici