20.3.12

Christophe ROBE, 23 mars 2012


[ Quatre tondi ]

Sans titre, 2010, Ø 100 cm
Sans titre, 2010, Ø 100 cm

Sans titre, 2010-2011, Ø 180 cm

Sans titre, 2010, Ø 100 cm

[Christophe Robe] a ressenti dans son travail l’évidence moins d’un manque que d’un appel. Et cet appel a pris pour lui la forme d’un questionnement profond sur ce qu’est la peinture elle-même et ses possibilités propres d’expression à l’époque de la domination des images techniques et mobiles.

D’un côté, la nature, qui était signe pictural porteur d’une force de prolifération intense, s’est imposée comme puissance vivante d’expansion. Elle a recommencé à creuser la surface et a donc fait à nouveau exister la profondeur. D’un autre côté, les objets, diffractés entre les jeux de miroirs des pans d’une réalité le plus souvent reconnaissable mais mutante, ont soit disparu de la toile, soit réapparu, affirmant leur présence avec force. […]

La puissance novatrice de cette nouvelle donne se traduit aussi pour Christophe Robe par une explosion de formats. Plusieurs types de petites toiles et de toiles moyennes côtoient dans l’atelier des formats ovales et des formats ronds souvent très grands.

Cette forme ronde permet quant à elle d’articuler la question du regard. En effet, univers de surfaces brisées, un tableau prend le regard au piège de la reconnaissance. L’attention se focalise sur ce qui est connu, l’objet, et tend à atténuer la puissance dérangeante des brisures comme le jeu des signes.

Dans ces grandes toiles rondes, renvoyé à la multiplicité des strates qui le composent, le regard se trouve, mis en scène à la fois comme élément pictural et comme principe même de l’agencement des formes et des couleurs. Le regard se donne à voir comme élément, comme principe et comme force. C’est pourquoi au lieu de glisser sur la surface, il semble désormais vouloir la creuser, et ainsi redonner à la profondeur une place essentielle dans le jeu spatial du tableau.

Faire advenir la profondeur comme une dimension picturale nouvelle, c’est à la fois renvoyer les signes à leur statut d’artifice, rendre à la nature sa dimension originaire de paysage et rendre sensible le fait que tout regard est enveloppé par quelque chose qui le dépasse et l’enveloppe, l’immensité cosmique. […]

Ainsi, lorsque le cosmos, la nature et les choses reviennent hanter des tableaux la peinture retrouve la puissance de son langage intime. Si elle n’a cessé d’être ce champ de l’activité humaine où une certaine pensée se donne à voir, elle redevient celui où la saisie incontestable de l’infini cherche à se communiquer à travers les limites de la matière, et c’est ce à quoi Christophe Robe travaille aujourd’hui.
Jean-Louis Poitevin
extrait de « La peinture, les choses et l’infini », 2009


Retrouvez le travail de Christophe ROBE dans Hublots du soir
et dans cet album :