Plier, replier,
scier, jointer, agencer, mettre à niveau, aplanir, sectionner, travailler
l’aplat, découper, étendre, couvrir, recouvrir, espacer, disposer. Et plier
derechef le nouveau plan – de travail.
Jean-François Leroy
part du plan. Ce que l’on appelle en géométrie le « plan » est un
espace à deux dimensions qui peut s’étendre à l’infini et qui n’a pas
d’épaisseur théorique. Chez Jean-François Leroy, le bois est utilisé comme
matériau usuel et pratique, et non pour ses éventuelles connotations : il
signifie simplement le plan. Il peut ainsi avoir une cousine d’usage dans la
moquette ou la bâche, et se trouver souligné dans sa planéité par de la fumée,
ou par une flaque de peinture, dont la cendre volatile, les contours
éclaboussés, signifient à leur tour la capacité qu’a la matière à s’étendre
infiniment. Dans ce plan, Jean-François Leroy opère des découpes et des
pliures. Il ne découpe pas du bois, il ne fait pas de la sculpture, il ne
fabrique pas seulement un objet ; il plie l’espace, il imprime à l’espace
une forme globale, selon les règles de la géométrie et de la perception
visuelle. Ses couleurs, industrielles, non signifiantes – elles n’évoquent rien
et se caractérisent par leur grande neutralité sémantique – soulignent
plastiquement les modifications que les objets façonnés font subir à l’espace
perceptif dans lequel le spectateur pénètre. Une exposition de Jean-François
Leroy n’est donc pas un ensemble d’objets pris dans une causerie bavarde, c’est
un ensemble fait pour être éprouvé dans son corps et perçu selon les pliures
que l’artiste a imprimés à l’espace dans une parenté manifeste à l’art minimal.
Emilie Bouvard
le hublot de Jean-François Leroy ici