14.11.13

Jean-François Leroy, 15 novembre 2013


Plier, replier, scier, jointer, agencer, mettre à niveau, aplanir, sectionner, travailler l’aplat, découper, étendre, couvrir, recouvrir, espacer, disposer. Et plier derechef le nouveau plan – de travail.
Jean-François Leroy part du plan. Ce que l’on appelle en géométrie le « plan » est un espace à deux dimensions qui peut s’étendre à l’infini et qui n’a pas d’épaisseur théorique. Chez Jean-François Leroy, le bois est utilisé comme matériau usuel et pratique, et non pour ses éventuelles connotations : il signifie simplement le plan. Il peut ainsi avoir une cousine d’usage dans la moquette ou la bâche, et se trouver souligné dans sa planéité par de la fumée, ou par une flaque de peinture, dont la cendre volatile, les contours éclaboussés, signifient à leur tour la capacité qu’a la matière à s’étendre infiniment. Dans ce plan, Jean-François Leroy opère des découpes et des pliures. Il ne découpe pas du bois, il ne fait pas de la sculpture, il ne fabrique pas seulement un objet ; il plie l’espace, il imprime à l’espace une forme globale, selon les règles de la géométrie et de la perception visuelle. Ses couleurs, industrielles, non signifiantes – elles n’évoquent rien et se caractérisent par leur grande neutralité sémantique – soulignent plastiquement les modifications que les objets façonnés font subir à l’espace perceptif dans lequel le spectateur pénètre. Une exposition de Jean-François Leroy n’est donc pas un ensemble d’objets pris dans une causerie bavarde, c’est un ensemble fait pour être éprouvé dans son corps et perçu selon les pliures que l’artiste a imprimés à l’espace dans une parenté manifeste à l’art minimal.

Emilie Bouvard
Extrait du texte pour l’exposition Déduction à la galerie B.Grimont








le hublot de Jean-François Leroy ici