d’iconoclasme. La privation des images est à la fois le mal et le remède du désir, c’est une crise qui noue ensemble érotisme et mysticisme, et qui a trouvé ses motifs dans les religions antiques du pourtour méditerranéen.
Ses œuvres reprennent des éléments de sculptures antiques, des personnages nus et hiératiques, mais peuvent aussi être des représentations de végétaux ou de roches brutes. Les images et les objets qui composent le travail de Benjamin Fanni cherchent à véhiculer et à actualiser des énergies primaires, à se les approprier par la reproduction. Ce serait pourtant erroné de qualifier ses peintures de figuratives. Stratégiquement,
obsessionnellement elles évitent de représenter les figures ; les visages disparaissent tandis que les corps s'offrent dans toute leur sensualité. Les masques, les linceuls, les tâches soustraient l'essentiel à la vue tout en ouvrant la scène sur une autre dimension.
Benjamin Fanni se livre aussi à un exercice de démantèlement des paysages – qu’ils soient naturels, culturels et humains. Chaque image et chaque objet qu’il produit agissent comme un passeur entre différents espaces-temps : celui auquel il se réfère, dont il livre l’image, et le nôtre de spectateurs. C’est même cette opération qui consiste à rapporter des échantillons d’un ailleurs, d’un autre part, est au cœur de son travail. Les œuvres sont comme des reliques qui transportent la vision d’un corps ou un fragment de roche, comme essences pures, dans le champ de l'art.
Son Hublot du soir