22.11.25

Mathieu WUHRMANN du 28 novembre au 12 décembre 2025

 Almanach — Sur le motif

Je me suis assis dans cette prairie, attiré par trois espaces.
La frontalité d’une rangée d’arbres – sombres, souvent à contre-jour – délimite le haut de la prairie dans laquelle je travaille.
Mais cette surface horizontale semble animée d’une force de vie qui cherche à s’échapper de ce plan. Les herbes tendent vers la lumière, dans un enchevêtrement qui s’élève. Les insectes, les mouches, les graines de pissenlit franchissent la frontière du sol.
C’est l’air du ciel… Tout veut monter, s’élever, sortir de ce plan.

Mon regard aussi monte, guidé par ce qu’il contemple, lentement, avec douceur. Il suit les grands mouvements dans la masse sombre des feuilles, semblables à des courants dans un océan.
Il faudrait plus d’une vie pour regarder cela. Pourtant, ces mouvements dans les arbres rejoignent une profondeur, celle de l’air et du ciel, là où le regard ne s’accroche plus à rien mais avance encore.
Le regard ressent une direction, comme une trame à suivre.

Et parce que je reviens jour après jour, une autre dimension apparaît : le temps qui s’accumule.


Ce que je note, ce que je peins, ce que j’efface, devient une forme d’almanach : un relevé patient des variations, des infimes déplacements de lumière, de vent, d’insectes.
C’est un almanach proche de celui dont parlait Aldo Leopold dans Almanach d’un comté de sable : non pas un inventaire, mais une manière d’habiter le temps, d’apprendre à lire ce que le lieu écrit avant moi.

Le papier lui-même en porte la mémoire : la pluie y dépose ses constellations de taches, le gel cristallise la peinture, le soleil en tend les fibres. 

Dans cet espace, les choses les plus simples — le frémissement d’une herbe, la poussière du sol, une ombre qui traverse — défilent devant moi. Elles sont proches de la terre, modestes, premières.
Et c’est avec un crayon de cire d’abeille, matière vivante et élémentaire, que je tente de les inscrire sur le papier, comme on consigne les jours qui passent.

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8.11.25

Julien KASTLER du 14 au 28 novembre 2025

C'est souvent par la vitre qu'on aperçoit en premier les perspectives d'un nouveau voyage.

Et comme un navire dans la ville, un sous-marin des faubourgs, une soucoupe volante à la sortie du métro, il attend là, au coin d'une place... sans prévenir, à toute heure du jour ou de la nuit, le Hublot nous embarque pour des kilomètres immobiles, des voyages en profondeur, intérieurs et extérieurs, des mélodies silencieuses... bref, un peu comme un miroir le Hublot nous donne à voir ce qu'on n'aurait pas vu et on repart sans forcément avoir vu ce qu'on pensait voir...

Aujourd'hui, c'est mon tour d'habiter la capsule, de planter mon décor... merci au pilote pour cette belle invitation !

Quant à moi, plutôt qu’astronaute, je suis devenu explorateur de ce qui m'entoure, c'était plus abordable !

Pas besoin d’aller très loin : il suffit de nous promener dans les bois, de cueillir des champignons ou des fraises, de respirer, d’observer, de lever parfois les yeux vers le ciel et la mer.

Mes tableaux, je crois, cherchent à se rapprocher de nous. Ils racontent des atmosphères, des silences, des instants suspendus. Ils veulent peut-être nous ressembler.

Avec les odeurs d'huile qui sèche, leur mémoire, leur solitude, mes paysages - réels ou rêvés - invitent à une contemplation lente, au repli sur soi, à un souffle d’introspection.

J'espère que mes deux toiles exposées ce mois de novembre sauront vous rencontrer là, simplement, comme vous êtes !

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                      Le HUBLOT du 14.11.2025
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24.10.25

Hélène MOUGIN du 31octobre au 14 novembre 2025

Il arrive qu’un parfum ou une odeur nous plonge instantanément dans un lieu précis de notre mémoire. Un formidable précipité de données sensibles s’impose alors à nous, avec la même force qu’une poésie. C’est ce vers quoi je tends : je propose des rencontres…

En point départ, il y a la matière-vie dont la qualité est de se dérober. Il y a le doute. Il y a le désir de donner forme à autre chose…

Le dessin m’accompagne. La terre est le matériau complice. Les autres matériaux s’insinuent, s’amusent… Je bouture, je recycle, j’hybride, je réinterprète, j’ajoute, je reprends des travaux antérieurs ou des fragments. L’intime et l’écho du monde, les petites vérités d’atelier et les questions insondables se rencontrent…

Je ne peux croire en ma perception des choses que lorsque la forme finie me fait face. Une certaine familiarité peut alors se dévoiler sous des allures étranges.

Hélène Mougin. Octobre 2025




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                     Son HUBLOT du 31.10.2025
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10.10.25

Mariana BANKOVA du 17 au 31 octobre 2025

Depuis mon plus jeune âge, je suis habitée par une relation énigmatique au dessin, aux couleurs et à l’art. Très jeune, je pressentais déjà que ces langages résonnaient profondément en moi.

Arrivée à Paris, on m’a souvent décrite comme une « nomade culturelle ». Je traverse les disciplines artistiques comme je traverse les pays et les langues, chacune devenant un nouveau territoire d’expression. Une constante demeure : mon intérêt pour les relations humaines, pour le corps et son langage universel. Entre mes performances théâtrales, mes créations de bijoux, mes dessins et mes toiles, un fil invisible se tisse : l’humanisme est au cœur de ma démarche. Le vivant y tient une place essentielle. Je représente les animaux avec leur âme et leur sensibilité, au même titre que les êtres humains.
Mes influences se nourrissent de la littérature, de l’histoire de l’art et des grands thèmes de la peinture classique, des figures bibliques comme Judith, mais aussi du quotidien.
Mes travaux récents s’attachent surtout à des compositions figuratives où la femme occupe une place centrale, qu’il s’agisse des femmes de ma famille ou de mon propre reflet. 

 

Mariana Bankova, artiste peintre franco-bulgare née en 1971 en Bulgarie, explore depuis l’enfance le dessin, la couleur et le mouvement. Formée à l’Académie des Beaux-Arts de Sofia et à la New Bulgarian University en scénographie, elle perfectionne son expression plastique et découvre diverses techniques picturales. Mariana s’installe à Paris en 2008, où ses dessins sombres et puissants interrogent le corps et le mouvement, tandis que ses peintures, brutes et étrangement figuratives, explorent une féminité contemporaine et vibrante. 


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                       Le HUBLOT du 17.10.2025
                  Le HUBLOT du 24.10.2025