22.11.20

Fabien TURBLIN du 27 novembre au 04 décembre 2020

A la mémoire du  Capitaine Nemo 

Un Monde :

Tout semble s’y mouvoir de façon fugitive, tout semble échapper, fuir, dès lors qu’un mouvement s’esquisse. 

Un monde immense, rempli d’écueils, un monde sans haut ni bas, sans repères solides, tangibles, toute vie surnage ou se dilue. 

Fuites, violences,  prédations en tout genre pour règles élémentaires de survie. 

L’immobilité , la vitesse, l’exubérance tapageuse, la fusion au sein d’un groupe, le minuscule ou le colossal, l’exhibition de caractères offensifs, les parades en armures, l’art du camouflage, le gigantisme ou l'entretien d’une mauvaise réputation sont les atouts maitres de la préservation des individus, des espèces. 

Des acharnés, des goinfres, des assoiffés de meurtres, des calculateurs, des paresseux, des laborieux, des instinctifs, des constructeurs, des solitaires, des solidaires, des parasites, des débonnaires, des acteurs comiques ou tragiques, des anonymes et des hystériques, et bien d’autres caractères encore…

Notre monde et son cortège de vanité ? Cela y ressemblerait bien, mais, pas tout a fait, le contrôle électronique, la surconsommation, l’orgueil et la fatuité en sont absents !

Il y règne un inquiétant silence, qui rend humble, précaire, fragile. Les assassinats s’y font sans bruit, les accouplements sans gémissements. Un silence absolu, hors la présence du grand nuisible : l’homme pêche, l’homme poubelle, l’homme béton, l’homme pétrole, l’homme guerre, l‘homme tourisme de masse, le grand nuisible, l’égocentré sur sa jouissance, sur sa volonté de puissance, le grand déséquilibré empêtré dans sa néoténie.

Un monde onirique : Chimères, Grandgousiers, Sirènes, Léviathans, Anges, Diables et autres créatures à peine croyables, des plus majestueuses aux plus répugnantes, des plus minuscules au plus monstrueuses, des plus pacifiques aux plus effroyables. Un monde qui n’a d’équivalence que dans les profondeurs obscures de nos cavités cérébrales, féeries et cauchemars.

Un monde du dessous imaginé pour échapper à celui du dessus trop réel, trop matérialiste trop lourd, trop blessant, de plus en plus dénué de sens, d’espace et de liberté, concentré des vanités humaines. 

Griffer d’une ligne de fiévreuses arabesques apaise. L’image se modelant progressivement et se dévoilant enfin à l’instant du tirage suspend l’actualité temps, répare provisoirement les plaies infligées par un désenchantement du monde. 

L’esquive par l’art…Le « Nautilus », l’art de la fugue, « Vingt mille lieues sous les mers »…


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