Des vêtements qui flottent dans l’espace comme des souffles. Des vêtements au vivant volume, suspendus dans l’air comme des statues envolées. Vestes et vareuses tout en poches et en modelé, en pâte et en transparence. Uniformes militaires nous parlant de l’une de nos guerres, bleu noir, garance, soutaches et galons. Enveloppes de corps invisibles et obsédants. Fantômes impressionnant notre œil de leur présence. L’artiste aime la sculpture. Sa peinture et sa gravure nous le disent.
Un pichet jaune, massif et monumental, à l’autorité de statue. Un monument en soi, un roc façonné, un phare. C’est à la vue de ce pichet que pour notre part nous avons su que Guillaume Lavigne était un artiste. Toute différente, une enveloppe de papier tremble sur sa toile, chose à l’être fascinant et doux. Cosa mentale autant que chose matérielle et physique. Des choses qui sont des êtres, voilà ce qu’excelle à représenter l’artiste.
Une ronde de fruits interrompue et reprise. Avocats, coings et coloquintes, grenades, kakis peints et gravés, les deux arts figurant pour l’artiste deux voies convergentes, deux façons complémentaires d’interroger le monde. Dans cette convergence de la peinture et de la gravure, le jus flottant de l’aquatinte renvoie à l’acte de peindre quand le trait de l’eau-forte, lui, renvoie au dessin. Décidément, les voies de l’artiste sont cohérentes.
Le monde de Guillaume Lavigne est d’une simplicité complexe. Si ses formes et ses volumes, ses êtres et ses visions existent avec la simplicité de l’évidence, cette évidence est complexe. Ses fruits détachés sur leur fond monochrome sont autant l’idée d’un fruit, révélation épurée de l’être, que sa matérialité physique, sa chair et son poids, son odeur, son jus, ses pépins.
Vincent Simonet (extraits)
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Son HUBLOT de 21h54Le HUBLOT du 21.04.2023