Les jeunes femmes de Frédéric Léglise fleurissent tels des motifs abstraits. Elles n’ont pas vraiment d’âge, ou plutôt elles sont éternellement jeunes, la bouche nacrée, la peau lisse et très souvent rose — rose qui n’est pas la couleur de la chair mais une couleur métaphorique, douce et lumineuse, comme s’il s’agissait de fleurs de lotus. L’artiste tire ce rose parfois vers le rouge (les corps prennent alors la teinte de sucres d’orge), parfois vers le blanc (comme une photographie surexposée). Dans les peintures les plus récentes, la peau devient brune, d’un brun qui dépasse le réalisme pour se transformer en enveloppe veloutée. Assis ou allongés, les corps s’épanouissent indépendamment du fond, traité avec des motifs géométriques (ceux du fauteuil) ou bien à la feuille d’or ou d’argent, comme une icône religieuse ou Pop, ou encore poudré de paillettes glamours. Ces peintures sont pourtant des portraits, la plupart ayant pour titre le nom du modèle — pas « modèle » au sens technique, mais la femme de l’artiste, des amies, des personnes rencontrées. Ce qui les distingue, ce sont les vêtements sophistiqués ou négligemment ouverts, la couleur des cheveux, l’arc des sourcils, l’expression. Mais les corps sont avant tout ces courbes lisses, caressées par les nuances de la peinture, mises en volume par la géométrie des étoffes soyeuses — expressions du plaisir visuel, de la plénitude sensuelle de la contemplation.
Anne Malherbe
Août 2020
Le site de Frédéric LÉGLISE ici