Balthasar Burkhard, né en 1944, est mort cette année, le 16 avril, à Berne (Suisse), sa ville natale.
Il appartient à cette génération d’artistes si peu préoccupés de briller, sans doute parce qu’il fut en retrait dans ses années de formation à la Kunsthalle de Berne, dont il fut photographe attitré. C’est à son retour des Etats-Unis, où il enseigne à Chicago, qu’il expose une série sur toile à Bâle (1983), puis à Berne (1988). Des «pieds» aux «veines», il découpe le corps en morceaux choisis et l’isole en fragments, entre réalisme et sublimation.
Il a cette particularité de ne pas jouer sur le tirage, voire de le neutraliser, comme s’il espérait trouver, sous le papier, l’origine de la vie. Il est à l’aise dans l’espace et n’hésite jamais à provoquer des apparitions. Ainsi, en 1997, il transforme la galerie parisienne Durand-Dessert en arche de Noé. Sur fond neutre, ses animaux grandeur nature (3,45 mètres pour le rhinocéros, 2,12 mètres pour l’autruche !) paraissent avoir été hypnotisés, juste le temps de la pose. Leur immobilité passagère est troublante, sont-ils déjà morts ou encore vivants ? L’année suivante, il a la tête dans les nuages et le goût de la verticalité chère à Bachelard. D’hélico, il étudie les villes : Mexico cité martienne, Londres cimetière de poupées… Ciudad, son film projeté au Mamco de Genève en 1999, poursuit la tragicomédie.
Ces dernières années, Balthasar Burkhard avait exposé à Los Angeles, au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg et tout dernièrement au Hublot d'Ivry-sur-Seine ("Corbeau", 1988-2000, héliogravure en noir et applat en rouge, l'une des 33 épreuves).
Merci à Laurent Patart.