8.6.11

Marie COIGNARD, 10 juin 2011


CARNET. n. m. (XVIe s. ; dér. de cahier, par sa forme primitive de caern). Petit cahier de poche, destiné à recevoir des notes, des renseignements. V. Agenda, calepin, livret, mémento, mémorandum, registre, répertoire. Consigner, noter une réflexion sur un carnet. Les notes* d’un carnet. Tenir régulièrement un carnet. Carnet de voyage, de route. Carnet de bord*. V. Journal.

                                  « Je n’ai jamais été plus modeste qu’en me contraignant à écrire quotidiennement dans ce carnet des pages que je sais et sens si pertinemment médiocres. » GIDE, Journ., 7 février 1916.


Carnets, 1993 - 2011

« Mes carnets partent d’une contrainte, comme une commande passée à soi-même : au moins un dessin par jour pendant un an. A chaque page, la date et l’heure. Ne pas s’installer dans un “style”, varier les outils et les médiums, dessins, croquis, collages, d’imagination ou d’observation, l’un et l’autre. Changer de points de vue, surtout ne pas refaire ce qui a déjà été fait, ne pas s’installer dans un système. Partir de quelque chose, un trait, une tache, un morceau de papier, un mot, un rien, commencer à faire naître des formes et décider que c’est achevé. Ne plus y revenir, pour recommencer le lendemain sur une page neuve. Remplir mon contrat quoiqu’il arrive. Ne pas passer une journée sans remplir au moins une page et arrêter la journée comme on tourne une page. Les carnets sont dans ma vie comme une obligation banale, une tâche pour laquelle je ne peux pas fixer de durée. Il arrive que le dessin m’absorbe entre le faire et la pensée, un temps qui n’est pas mesurable, un temps qui se superpose. J’y pense le matin au lever, je le promène avec moi. Il ne me quitte pas.

J’aime la trace laissée par l’empreinte, l’inscription en double sur la page, miroir où se dépose l’excès de matières, fragilité de ce qui s’inscrit. La lecture est à la fois continue et discontinue, ce qui précède n’a peut-être rien à voir avec ce qui suit, et chaque page prend un sens en elle-même et avec l’ensemble qui les relie. D’une page à l’autre, d’un carnet à l’autre, mes carnets sont la mémoire d’une année.  


Les présenter, c’est choisir une page, ficeler le carnet, l’accrocher, faire en sorte qu’il tienne ou pas. Mais toujours ne laisser comme possibilité à l’autre que de regarder ce que je veux bien lui montrer.


Ce que je mets devant vos yeux n’est pas devant moi mais derrière. Quant à moi, les yeux que je ferme voient encore. »

Retour sur l'accrochage dans Hublots du soir.