19.4.11

Caroline FOREST, 22 avril 2011

 Cache-cache
Mur de l'atelier








« Le peigne et le râteau, tout deux créateur de rayures, symbolisent tout à fait cette fonction de mise en ordre que constitue le passage de la trace à la marque. Rayer c’est faire des traces et mettre en rang, inscrire et orienter, marquer et organiser, c’est aussi féconder car toute organisation, toute orchestration, pour reprendre un terme musical est facteur de création. (...)
Il y a toujours dans la rayure quelque chose qui résiste à l’instauration de systèmes, quelque chose qui porte le trouble et la confusion, quelque chose qui  “fait désordre”. Non seulement la rayure montre et cache à la fois, mais elle est tout ensemble la figure et le fond, le fini et l’infini, la partie et le tout. »

Michel Pastoureau

MicheL'Étoffe du diable, une histoire des rayures et des tissus rayés
Éditions du Seuil
1991
 
Sol de l'atelier
Qu'ont en commun Saint Joseph et Obélix, la prostituée médiévale et l’arbitre de base-ball, les frères du Carmel et les baigneurs des Années folles, les bouffons de la Renaissance et les forçats des bandes dessinées, les dormeurs en pyjama et les sans-culottes de l’an II ?
Ils portent tous un vêtement rayé, signe de leur situation sur les marges ou hors de l’ordre social. 

Structure impure, la rayure est longtemps restée en Occident une marque d’exclusion ou de transgression. Le Moyen Âge voyait dans les tissus rayés des étoffes diaboliques et la société moderne a longtemps continué d’en faire l’attribut vestimentaire de ceux qu’elle situait au plus bas de son échelle. 

A partir de l’époque romantique, ces rayures dégradantes, sans vraiment disparaître, commencent à s’atténuer et à être concurrencées par des rayures d’une autre nature, porteuses d’idées nouvelles : liberté, jeunesse, plaisir, humour. 

Aujourd’hui, les deux systèmes de valeurs poursuivent leur coexistence. Mais, plus que jamais, il y a rayures et rayures : celles du banquier ne sont pas celles du prisonnier.

Note de l'éditeur à propos de L'Étoffe du diable


Retour sur l'accrochage de la série

2010-2011
technique mixte sur papier
12 x (32 x 42 cm)


et

d'autres travaux de Caroline FOREST sur son site.