« Sous
la peinture d’Anne, une vie grouille, palpite et cette vie prend le dessus. Quand
les toiles d’avant se cachaient derrière une matière si épaisse qu’elle en
était monument, les œuvres d’aujourd’hui sont des films, du papier bible, de
l’organdi, une peau diaphane et fragile. Anne Manoli se laisse apparaître au
monde. Les meurtrissures, stigmates, blessures, du dessus de la toile sont
autant de traces de l’usure du temps qui fait son œuvre en dessous, en dedans.
Les transparences sont comme la preuve d’un affouillement de l’intérieur, de
quelque chose qui sourd dedans, dessous, qui use à force de vouloir s’extraire,
s’échapper, comme une explosion sous la peau, sous la cendre. Et face à cette
révélation il y a dans notre regard un choc ; du démembrement nait le
remembrement, le hasard, la maladresse, l’accident, la violence, laisse place à
une suave férocité où la matière est dure comme une aquarelle, la couleur est
douce comme un roc, de la tambouille
nait
le met, du marécage s’échappe la vie qui se crée. »
Extrait du texte de Charlotte
Thoraval : « L’Atelier métamorphose » écrit à l’occasion de
l’exposition « Les moires » à la Galerie Nicolas Deman Paris 2018
Anne Manoli est représentée par la Galerie Nicolas Deman à Paris