Chaque jour, je récupère les images de mes rêves, les ordonne pour en reconstituer et écrire le récit, puis les illustre au bic d’après l’image la plus prégnante sur des carnets moleskine.
Parallèlement à ce travail de raffinage de mes rêves, je modèle des formes dans de la porcelaine crue, laissant surgir sans projet des formes le plus souvent organiques. Ces sculptures explorent et brouillent les frontières entre les différents aspects du monde vivant, qu’il soit humain, animal ou végétal, en mettant en lumière leurs ramifications intimes. Elles sont ensuite cuites sans émail. Se dessinent des familles que la matière blanche commune de la porcelaine relie entre elles selon une logique interne ineffable. Un ensemble de plus de cinq cents sculptures complété aujourd’hui par une série de peintures à l’huile sur papier réalisées également sans image prédéfinie dans un mouvement improvisé, laissant émerger des formes le plus souvent organiques.
Cette confrontation entre ces différents médiums instaure un dialogue sans que le lien soit explicite. Quelque chose se déroule qui va puiser dans mon inconscient des images émergées de mes rêves, tandis que parallèlement un monde imaginaire se peuple de formes mutantes étranges avec des résonnances familières sans pouvoir les nommer.
Catherine Geoffray