17.2.19

Denis MARTIN le 22 février 2019


"J’aime la peinture, intimement et viscéralement. Sa variété de techniques et son infinie richesse. Sa sonorité même. L’étendue des possibles qu’elle offre avec cependant un goût prononcé pour l’huile. Sa lenteur de séchage, son odeur, tour à tour son âpreté ou sa grande sensualité. Son exigence et sa difficulté. Cette indocilité qui la caractérise si bien. Pour le peintre que j’espère être ou plus justement que je redeviens chaque jour de ma vie, peindre c’est accepter et assumer l’échec de l’œuvre, du tableau, inévitablement, inlassablement parfois même merveilleusement afin de mieux relever le gant et recommencer encore et toujours avec intensité, assiduité revenant donc à l’essentiel qui n’est pas le tableau lui-même en tant qu’objet mais bien ce qui l’anime, la peinture elle-même et ce désir, cette nécessité de peindre pour se laisser glisser enfin vers le lâché prise et à l’apparition de formes sincères. Sans destruction de la peinture, il ne peut y avoir de peinture et donc de chose à voir. Ce chemin-là, celui de cette peinture, le mien depuis 30 ans, est un labyrinthe exquis et redoutable, tant il est bon de s’y perdre et vous incite à rester dans son antre, pleinement, indéfiniment, comme le fœtus dans le ventre de sa mère. Mais puisqu’il faut bien se résoudre à en sortir un jour, c’est pour mieux se replonger dans l’inconnu, échapper ou tuer ce Minotaure que sont le renoncement ou la satisfaction complaisante; la seule voie possible, le seul fil d’Ariane salutaire étant d’aller vers soi- même, fidèle à sa perception sensible du monde, et à l’intimité de son propre regard. Car s’il faut reconnaitre l’existence du tableau malgré tout et presque malgré lui comme étant la réussite illusoire d’une vérité toujours mouvante, de ce presque rien insaisissable ou ce grand tout abyssale qui vous échappent sans cesse, l’idée de le reprendre et donc de le repeindre, voir, de le détruire radicalement n’est ni factice ni dérisoire. La succession de couches, de traces, de griffures donnant du temps au temps, vie, puis chair et enfin corps..."
                                                                                          Denis Martin "Démarche artistique générale" extrait


    Denis MARTIN est représenté par la galerie Nicolas Deman
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Son Hublot du soir