Ce qui m'émeut dans un dessin de paysage, ce sont les traces indescriptibles, indicibles et pratiquement invisibles, de mon rapport à l'espace dessiné à cet instant là. L'état de captation dans lequel je suis, l'étonnement d'une lumière, un reflet, une posture, un bruissement, dans un lieu avec lequel j'ai une relation très intime, mais qui me surprend toujours. Une manière de se perdre totalement dans la perception, en laissant de côté la représentation. C'est là que reproduire, ou même utiliser ces dessins que l'on appelle parfois préparatoires, devient si difficile.
A l'atelier, comment retrouver cette émotion-là, cette immersion qui permet de "lâcher" en gardant pourtant une certaine complexité des formes, une construction d'espace, une limpidité des couleurs ? Sans doute le rapport à la "matière peinture" prend-il le relais, créant l'étonnement, la conversation et même souvent la lutte, qui finalement fera que l'œuvre gardera quelque-chose de ce "vivant" là. Une petite trace de ce rapport au monde.