1.6.12

Florence CHEVALLIER, 1er juin 2012






L’exotisme a constitué pour moi un mode d’être changeant, un jeu avec l’autre, l’autre soi-même celui que l’on crée et recrée chaque jour dans l’œuvre d’art.
L’architecture / le corps / la lumière sont les trois éléments prépondérants de ma photographie. J’inclus la nature au centre de ces trois piliers : la mer, les arbres, les animaux, le ciel.

Ainsi en Méditerranée vais-je chercher des lieux ouverts, des constructions inachevées, une vie « dehors » où les vivants par leurs gestes et leur présence, révèlent ces lieux, ces paysages, comme autant de figures intériorisées de l’histoire. Histoire de notre culture, de notre imaginaire à déchiffrer et à représenter.

La dimension autobiographique avec laquelle je joue depuis longtemps se marie avec le mythologique prouvant que nous sommes tous des personnages issus des mythes anciens. L’exotisme ne serait plus alors une valeur d’oppression sur l’autre, dont on exploite l’image et le vécu, mais un écho à cette part de nous mêmes qui nous est étrangère et se renouvelle indéfiniment. Résider est une façon de continuer à voyager dans l’espace et le temps psychique avec une ouverture du regard, d’être un étranger «voyant».

Il me semble que le photographe est le seul à même de parcourir ces espaces, ces géographies et de tirer le fil sensible de l’histoire présente. La situation mouvementée dans certains pays méditerranéens (voire tous les pays) de cette zone du monde, nous place dans une position délicate d’avoir à travailler sur ces lieux et leurs habitants loin du factuel et du reportage. Mon souci de l‘intériorisation des images et de leur caractère exotique, le choix du lumineux et du sculptural, du mythologique lié à la part autobiographique me place d’emblée dans un hors temps nécessaire au travail de l’imagination artistique.

Ma naissance à Casablanca m’a placée très tôt au cœur des problématiques du monde méditerranéen, de l’extraordinaire vitalité de ses mélanges culturels, humains et de ses conflits permanents.

Mon travail consiste à montrer les différentes facettes de pays qui nous placent devant notre propre histoire, passée, présente et à venir et face à nos paradoxes, entre désir et refus de l’autre.
F.C.

D'autres photographies de Florence CHEVALLIER
 sur son site, dans Hublots du soir et dans cet album