Valéa Djinn ou la poésie en traces
« Abstraction figurative » est l’expression qui frappe immédiatement les yeux et le cœur lorsqu’on se trouve face à une œuvre de Valéa Djinn, que ce soit un dessin, une peinture ou un micro-jardin. La poésie vient juste après, à égalité avec la douceur. Comme l’art du langage, l’univers de Djinn exprime ou suggère, c’est selon, image et harmonie simultanément. On regarde et on voit, ou on imagine. Liberté nous est offerte de reconnaître ou de vagabonder au gré d’une sensation, d’une référence personnelle, d’une ouverture.
Toutes les couleurs nous sont proposées, en bloc ou en camaïeux. Les noirs sont omniprésents, mais sans agressivité. Les blancs sont le fil conducteur des voyages multiples suggérés par cette artiste dont la spontanéité apparente n’est que le fruit d’une observation affinée de la nature, d’une réflexion permanente et bien évidemment d’un travail quotidien. Ses rouges sont tranquilles, limpides, apaisants. Ses verts semblent inquiétants uniquement de par leur rareté, et les bleus disputent aux gris volupté, mais aussi puissance.
L’ocre et le noir sont la base de ses dessins, toujours simples, jamais démonstratifs. Là encore, on peut (se) reconnaître ou errer au gré du trait. La rondeur caractérise ce monde de grand calme et d’errance apaisée. On peinera à débusquer une forme anguleuse, autre constante dans ce biotope serein et consolant.
Valéa affectionne tout particulièrement les mousses, les brindilles et les écorces qui lui fournissent une matière brute sans violence, sophistiquée sans affectation. Qu’ils soient sous verre ou à l’air libre, ces mondes merveilleux en miniature transforment un coin de table en terreau de bonheur et illuminent l’ombre du plus exotique cabinet de curiosités.
On entre dans l’œuvre de Valea Djinn par hasard, on en sort attendri et transformé, ou on y demeure, conquis et heureux…
Olivier Bornand